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Les frères de Broglie, d'Eon, Praslin...

 

 

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Evidemment, c'est la preuve d'une force de caractère au pays des lèche-bottes, mais c'est aussi la preuve d'une grande mesquinerie passablement aigrie et désagréable. Pourvu que l'on puisse exercer son talent de façon efficace ! Mais non, on aime mieux faire la gueule. Il y en avait un autre, un peu de cette sorte, sous Louis XV le Bien-Aimé : le fameux chevalier d'Eon. Giscard descendant paraît-il de Louis XV, on pouvait dire qu'il ne faisait rien sans l'accord d'Eon, mais trêve de calembours bons : ce chevalier qui pissait debout (ce qui n'est pas une preuve) était bel et bien de sexe masculin, ainsi que l'ont certifié maints médecins l'ayant dûment examiné après sa mort. Simplement, il n'avait aucun appétit sexuel, ce qui est rare, mais qui existe. Il n'a jamais été « lectrice » à la cour de St-Petersbourg, cette charge n'existant pas et l'impératrice Catherine sachant parfaitement lire toute seule, très érudite et traitant Diderot avec tous les honneurs en Russie ; d'autre part, elle n'eût jamais toléré un travelo à sa cours, préférant les hommes bien raides et bien membrés. Mais le chevalier d'Eon s'était déguisé quelques fois en femme en Angleterre, pour échapper à la police, qui fit une fois irruption dans un salon : « Avez-vous vu le chevalier d'Eon ? Nous avons un mandat d'arrêt contre lui. - Voyez vous-même, il n'y a ici que trois femmes devant l'âtre. - Sorry... » L'une des trois femmes était le chevalier d'Eon, qui n'avait pas dit un mot pour ne pas révéler son accent de grenouille.

 

Ce chevalier semait le bazar partout où il allait, protestait qu'on le prît pour une femme mais excitait en même temps les rumeurs pour faire parler de lui, se livrant de plus au chantage pour ne pas publier en Angleterre une lettre manuscrite du roi recommandant une attaque armée immédiate, mais dont il ne fallait pas tenir compte, le bordel habituel – vous imaginez l'espion du roi capturé avec cet autographe sur lui ? Gilles Perrault nous apprend aussi que l'un des meilleurs informateurs de Louis XV et Louis XVI était tout simplement Voltaire, qui sous couleur de philosophie n'avait pas non plus ses yeux ni sa plume dans sa poche. Et nous oublions tant et tant de personnages, tant et tant de circonvolutions dans les revirements, les correspondances contradictoires, les agents doubles, les vrais qu'on exhibe et les faux qui œuvrent dans l'ombre. L'index des noms est considérable en fin de troisième volume. Tant d'espionnage pour rien, car nos seuls succès, véritables ceux-là, se déroulèrent sur le sol de l'Amérique du Nord, d'où le titre du tome III : "La revanche américaine". Et puis tout s'arrêta aux portes de la Révolution, les frères de Broglie fermèrent les yeux, en 1781 et en 1804, leurs descendants furent illustre : le Prince Louis de Broglie, Prince du Saint-Empire Romain Germanique dissous pourtant par Napoléon, académicien, génial scientifique, et la présentatrice Laure Debreuil, malgré l'orthographe différente.

 

Les deux frères turbulents et affectueux ratèrent tous deux leurs vies, seulement, comme le dit Gilles Perrault, toutes nos vies ne sont-elles pas plus ou moins ratées... Mais il sera parvenu à nous faire apprécier un grand nom de l'Histoire de France, souvent mêlée à celle des Italiens, Médicis, Concini, Mazarin, de Broglie originaires du Milanais. Beaucoup de bruit pour pas grand-chose, mais l'espace de trois fort volumes, nous aurons nous aussi, pour notre plus grand plaisir, touillé et brouillé le bouillon de culture de cet Ancien Régime, dont Talleyrand disait que celui qui ne l'avait pas connu ne savait pas ce que c'était que le bonheur de vivre. Notre nation n'aime pas autant sa marine que cette dernière le mériterait : nous avons préféré la gloire continentale, et les Anglais ont dominé les mers, Rule, Britannia, rule over the seas, roulant le monde entier.

 

Nous ignorons souvent que Sartine, ministre de l'Intérieur, bien connu du détective Le Floch à la télé, devint celui de la marine, et qu'il la réorganisa. Ecoutons quelques considérations bien senties sur la flotte française au XVIIIe siècle, sous la plume experte de Gilles Perrault :

 

"Les dernières années du règne de Louis XV" (mort en 1774, pour les élèves de Première S qui ne font plus d'histoire parce que ça rend plus intelligent pour les maths) "avaient été néfastes à la marine. "En 1774, à la mort du roi, on était loin de la situation qui avait tant réjoui le comte (Charles) de Broglie" mort en 1781 et chef du cabinet secret "lorsqu'il avait fait l'inventaire des forces navales de la France deux ans après la fin du désastreux conflit : "Votre Majesté, écrivait-il le 21 février 1765", soit deux ans après notre glorieuse perte du Québec, "verra peut-être avec étonnement dans le tableau explicatif de cette reconnaissance que sa marine militaire et marchande n'est pas dans l'anéantissement où ses ennemis la désirent et la croient, et où toute l'Europe et les Français même la supposent." Mais le ministère de l'inepte Boynes avait annulé l'œuvre dereconstitution entreprise par Choiseul et et son cousin Praslin" qui donna son nom à nos pralines.

 

Commentaires

  • Comment transforme-t-on un catholique en protestant ? facile : on lui file un grand coup de pied dans le cul, et il se retourne en protestant.

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