Proullaud296

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Tous les noms zontété changés

 

Brunettes

 

Il n'y a pas d'évolution. Nous sommes à Bronville, en l'an de Préhistoire 2012. La fille Fantôme recopiait sagement son manuel sous la dictée sans s'en rendre compte : je n'avais jamais fait de cours d'histoire de ma vie. Pour moi, c'était m'assurer qu'au moins ils auraient lu le livre. Désormais plus de 53 ans, une vie, des enfants, se souvient à peine de moi, comme moi d'elle. Plus tard Bataillon, Thérèse, à qui Moil'Nœud, l'année précédente, avait claqué les fesses au tableau, avec laquelle je corresponds encore (« Bath-Haillons », appelée « des Guenilles », ou “La Marseillaise » (« Formez, vos...”), deux gosses, prof d'arts plastique. Elle se plaint de la sottise agressive de ses élèves. « A quoi ça sert le dessin ?

 

- Pourquoi ne demandes-tu pas ça à ton prof de maths ? » Si liée à Ferencza, revues au café très longtemps après, en plein été. J'ai multiplié les gaffes, renversant la carafe sur les genoux de Ferencza : j'avais fait de cette fille l'héroïne pubère de mon roman méconnu « Omma », (« Île maudite »). Elles s'indignaient toutes deux de ce que les hommes de leur âge, 30 ans, racontaient sur les femme : « Pourtant s'ils savaient à quel point on les aime ; ils font tout pour que l'on devienne lesbiennes – le nombre de pédés qu'il y a parmi eux ! Nous avons bien envie d'en faire autant... » Que Dieu prenne en pitié la guerre des sexes... Les trentenaires et quadragénaires s'imaginent que les femmes n'ont plus besoin d'eux ; se sont-elles assez vantées de leur autonomie, de leur « libération » !

 

Les hommes les traitent donc de la façon dont ils se croient traités : à la cavalière, assez fortes n'est-ce pas pour se ressaisir ; souffrant de la perte de leur bienfaisante minorité juridique et de la protection qu'elle impliquait : tout ce que l'on a imaginé pour libérer la femme, c'est de travailler comme l'homme : cherchez l'erreur. Thérèse et Ferencza désormais ne se voient plus, ne s'écrivent plus. Ferencza, également plasticienne, vit en recluse, sous ses lunettes noires, sa porte anonyme ne s'ouvre plus. Elle a perdu son frère en 76, devenu “Marèk », l'Homme- Cheval, dans mon roman Omma, le meilleur de moi : je l'y appelle « Ferencza », elle se fait jouir sous mes yeux extasiés.

 

Ferencza (je ne pouvais pas saquer feu son frère) m'a foutu la main au cul dans le couloir puis s'est enfuie en courant. Ferencza, la vraie, fit courir le bruit, que j'étais mort sur l'autoroute... Je suis allé dîner, quelques années plus tard, chez Fontanet - la mère tous bijoux dehors, seins et bagouses en bataille, fils aîné journaliste mort à trente ans. Le cadet prit un jour mon parti devant la classe, alors que je me vantais d'avoir corrigé des copies jusqu'à onze heures du soir (une fois dans ma vie). S'étant tourné vers eux, il s'exclama : «  Vous voyez ! » (« ...vous qui vous imaginez qu'un prof ne fait jamais grand chose... »)

 

 

 

Filles disgraciées un peu aigries Tag oblique.JPG

 

Tangnier, à prononcer “Tanier”, en dépit des observations désobligeantes d'une collègue. Je me souviens aussi, en passant, de la petite fille araignée reluquée à Beauregard : une foutue colonie de vacances, garçons d'un côté, filles de l'autre. La monitrice de seize ans me fit monter dans sa chambre, pour me demander si je savais ce que c'était qu'une « poule » (je répétais sans cesse trou du cul de poule) - pour moi, simple volatile de basse-cour. Elle se fardait en me tournant le dos. Puis me renvoya : bien lui en prit. J'aurais tout cafté. Brisé sa vie. N'avais-je pas lu dans l'Histoire sainte du père Toinon qu'un enfant ne disant pas tout à ses parents n'était qu'un misérable méritant la damnation.

 

Vingt-quatre ans plus tard : Laparade, rousse, fille de flic ; ne peut fréquenter l'école des justiciables... Je lui révèle que son ancêtre est cité dans Saint-Simon, négligeant son régiment, perdant son temps à Versailles. Ma foi, elle n'en était pas peu fière. J'apprends voici peu qu'il était homosexuel, ce que le Roi-Soleil abhorrait par-dessus tout : peut-être l'a-t-elle su. Il lui reprocha publiquement de négliger ses devoirs envers son régiment, préférant traîner à Versailles. Je la trouvais laide et con, et la flattais de toutes mes forces, ne voulant rien laisser paraître. Elle s'est transformée sans doute en grande rousse éblouissante. Jovanić, prononcée par moi Yovanitch, à la serbe, pour faire mon malin), son rire désagréable exprès ; se fait prononcer “Jovanik ». Véritable mystère pour moi que ces internats de filles, aux relents bizarres.

 

Je les voyais se consoler, se passer des mains sur les épaules. J'imaginais des tas de choses sales et vraies. J'ai même révé à deux d'entre elles, à Beauvoisy, qu'il existait des produits de propreté appelés « savonnettes ».

 

 

 

Filles dont je fus réellement amoureux

 

A Saint-Léon, les sœurs Lampin, très vite confondues (d'abord la cadette, puis l'aînée prise pour l'autre) (6e et 5e), l'une d'elles retrouvée au bac : frisée, avenante, quelconque. Sûre d'elle. J'aime les filles tourmentées ; les femmes chancelantes, devant qui baisser la tête et demander pardon. La beauté pour seul rempart. Nul n'oserait en vérité leur adresser la parole. A quoi pourrais-je leur servir, éclatante, heureuse de vivre ? qu'elles aillent se branler. Ce qu'elles font. Llégas, brunette insolente au teint bilieux, dont la mère se paye ma tête dans le train en me qualifiant d' “excellent professeur” ; du coup, dans les cahots, je gagne les chiottes en tortillant du cul comme un mannequin. Un fou. J'étais, vraiment, un fou. Je le suis toujours.

 

Commentaires

  • Elle ne s'appelait pas Thérèse, mais Catherine.

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