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Philippe le Bel

 

LANGLOIS

 

Un impressionnant pavé de 450 pages fera l'objet de notre décorticage de ce soir. Il s'agit d'un ouvrage paru en 1900 et réédité chez Tallandier : « Saint Louis – Philippe le Bel », par Charles-Victor Langlois. L'historien bien connu Ernest Lavisse avait entrepris une colossale Histoire de la France, dont il rédigea lui-même plusieurs volumes, mais il chargea certains de ses érudits collaborateurs de composer des volumes à eux. Il ne s'agit pas seulement dans cette histoire de décrire à l'ancienne les événements, brouilles entre cousins, guéguerres entre beaux-frères, mais aussi de démêler les inextricables rouages administratifs et fiscaux d'une époque où naissent les institutions de notre pays.

 

Entre saint Louis, mort en 1270, et Philippe le Bel, qui monta sur le trône en 1295, s'inscrit un Philippe III le Hardi qui ne laissa guère de place dans l'histoire, et qui ne figure même pas dans le titre. Charles-Victor Langlois est d'une précision, d'uen érudition universitaires. Encore un livre à ne pas mettre entre toutes les mains. Non bacheliers s'abstenir – ou bien, pour le plaisir, feuilletez. Vous ferez connaissance avec une flopée de papes, dont Boniface VIII le tranchant qui fut sinon giflé du moins bousculé ; avec des personnages éperviers, tels le sinistre Nogaret, champion de la calomnie.

 

Sa calomnie préférée était d'accuser du péché de sodomie. Il a dû se faire enculer et ne pas s'en remettre ; avec des Templiers richissimes, que Clément V n'a pas voulu sauver. Le livre s'arrête en 1328, où monte sur le trône le stupide Philippe VI de Valois, qui déclencha la Guerre de 100 Ans. N'étant aps historien, il ne m'appartient pas de juger de la méthode de Charles-Victor de Langlois. Je me contenterai, pour cet ouvrage d'accès difficile, de vous ouvrir quelques fenêtres sur ce monde si proche. Ainsi, pensiez-vous que saint Louis intimidait fort ses enfants ? Voici une anecdote qui ne court pas les livres d'hagiographie :

 

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P. 47, § 2 :

 

« Louis IX eut six fils, dont l'aîné, Louis, mourut en 1260, à seize ans, et cinq filles. Il prenait soin de leur éducation. Philippe, qui lui succéda, décrivir aux enquêteurs du procès de canonisation les exercices que leur père avait coutume de leur imposer, à lui et à ses frères. Son attitude, en présence du saint roi, était, semble-t-il, un peu craintive, ni lui, ni Pierre d'Alençon, ni Robert de Clermont, ni Thibaut de Champagne, roi de Navarre, époux de leur sœur Isabelle, n'avaient d'abandon avec leur père. « Le roi, raconte Joinville, appela monseigneur Philippe, son fils, et le roi Thibaut, et s'assit à l'huis de son oratoire, et mit la main à terre, et dit : « Asseyez-vous ici, bien près de moi, pour que l'on ne nous entende pas. » « Ah ! Sire, firent-ils, nous ne nous oserions asseoir si près de vous. » Et il me dit : « Sénéchal, asseyez-vous ici » ; puis, s'adressant à eux : « vous avez mal fait, vous qui êtes mes fils, et qui n'avez fait du premier coup ce que je vous ai commandé. Gardez que cela ne vous arrive jamais. » Et ils dirent qu'ils ne le feraient plus. »

 

 

 

Savons-nous davantage que la piété de Louis IX lui inspira vis-à-vis de l'Angleterreune politique jugée sévèrement ? Il admirait tant la piété de Henri III of England qu'il lui aurait volontiers consenti bien des droits en France. D'aucuns jugeaient cet Henri III bien benêt.

 

P. 94, § 3 :

 

« Henri III s'était de bonne heure efforcé, nous l'avons vu, de reconquérir les provinces que Philippe Auguste avait enlevées à son père, le roi Jean ; mais depusi l'échec de sa coalition de 1242 avec les seigneurs de Poitou, il s'était tenu coi, ou à peu près. La trêve conclue en 1243 avait été renouvelée. Ce n'était ni la paix ni la guerre. Or Louis IX, dès son retour, souhaita qu'un traité définitif intervînt. D'abord il aimait, il vénérait Henri III à cause de sa piété exemplaire; et puis, il aimait la paix. Aussi, quand Henri lui demanda, en 1254, la permission de traverser le royaume pour aller de Gascogne en Angleterre, il consentit avec empressement, et il alla à la rencontre de son hôte

 

jusqu'à Chartres. Mathieu de Paris, qui force la note, dit qu'il fit à Henri, en soupirant, suspirans, voce demissa, des confidences sur l'orgueil des Français et l'obstination des douze pairs : « Ils ne veulent

pas que je vous rende vos droits ; sans eux, nous serions inséparables... » Le fait est que des négociations s'ouvrirent, qui se prolongèrent cinq ans. Elles aboutirent à la conclusion du traité fameux qui fut juré au Temple, à Paris, le 28 mai 1258, et ratifié de part et d'autre en décembre 1259. »

 

 

 

Passons à Philippe le Bel, tempérament billieux et féroce s'il en fut. Voyons-le humilier le Pape Boniface VIII, grand gueulard autoritaire. Que donne la confrontation ? Ceci : Philippe n'est pas saint Louis, et regarde la perfide Albion sans sympathie excessive. D'abord, le pape fait petit cul et flatte la France encore qu'il ne lui déplairait pas de se mêler des affaires françaises à l'occasion des bénéfices et nominations ecclésiastiques. Atmosphère de la cour de Rome : p. 141 -

 

« Le pape, battu en France, battu en Angleterre (où la constitution Clericis laïcos n'eut pas plus de succès que sur le continent, subit encore d'autres humiliations. A l'exemple de ses prédécesseurs, arbitres désignés des querelles entre chrétiens, il s'était occupé de rétablir la paix entre la France et l'Angleterre. Or Philippe n'accepta son intervention que sous réserves. Le 20 avril 1297, à Creil, les cardinaux d'Albano et de Préneste se présentèrent à la Cour de France : Boniface avait résolu de contraindre les deux rois belligérants à conclure, sous ses auspices, une trêve jsuqu'à la saint-Jean 1298. Philippe, avant d'autoriser les légats à lire les lettres pontificales, fit déclerer expressément que « le gouvernement du royaume appartenait au roi, et à lui seul ; qu'il n'y connaissait point de supérieur ; qu'il n'était soumis à aucun homme vivant, quant aux choses temporelles ». En juin 1298, les représentants du roi de France n'acceptèrent l'arbitrage de Boniface qu'à la condition que ledit Boniface agirait, en cette occurrence, non comme souverain pontife, mais comme personne privée, comme « Benoît Gaëtani ». Pour comble, quoique les Français ne le ménageassent nullement, Boniface leur a laissé prendre, pendant plusieurs années, à partir de l'été 1297, le haut du pavé à la Curie. Son parti pris de leur complaire fut évident à cette époque. Les sentences arbitrales qu'il prononça en 1298 sont très partiales en leur faveur : « Sire, écrivait d'italie, en février 1299, un envoyé du comte de Flandres, le roi (de France) a si bien perverti la Cour qu'à peine y trouve-t-on quelqu'un qui ose dire de lui ouvertement autre chose que louanges... »

 

 

 

Ecoutons à présent les vitupérations de Nogaret contre les Templiers. Ce ne sont qu'immondes calomnies, servies hélas par un verbe impressionnant de grandiloquence, dont la traduction française laisse encore percevoir le souffle. P. 188 :

 

« Une chose amère, une chose déplorable, une chose terrible à penser, terrible à entendre, détestable, exécrable, abomnable, inhumaine, avait déjà retenti à nos oreilles, non sans nous faire frémir d'une violente horreur. Une douleur immense se développe en nous, en présence de crimes si nombreux et si atroces, qui aboutissent à l'offense de la majesté divine, au détriment de la foi, au scandale de tous. La raison souffre de voir des hommes s'exiler au-delà des limites de la nature ; elle est troublée de voir une race oublieuse de sa condition, ignorante de sa dignité, ne pas comprendre où est l'honnheur. » L'auteur du manifeste continue longtemps sur ce ton, avec des élégances qui font frémir : « Elle a abandonné la fontaine de vie ; elle a changé sa gloire en l'adoration du Veau ; elle a sacrifié aux idoles, cette race immonde et perfide dont les actes détestables et même les paroles souillent la terre de leur ordure, suppriment les bienfaits de la rosée, infectent la pureté des airs. »

 

 

 

Bon ! Passons aux Lombards. Ce sont des banquiers Italiens. On les déteste. Ils vous piquent votre blé, comme disait Charrasse, exigent, c'est un comble, le remboursement de vos dettes. Le seul moyen est de les expulser régulièrement, de tout leur confisquer, puis de les laisser revenir puisqu'on a bien besoin de banques, tout de même. Les Français sont bien trop chrétiens pour se salir les mains à ce commerce, interdit par la religion de Jésus.

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