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Arthur lutte

 

La Table Ronde permet à chacun d’occuper la place d’honneur, sans question de préséance. Sa forme sert encore dans les conférences, du moins dans le langage métaphorique. Les notions d’honneur impliquent de pouvoir désobéir dès lors que le principe de liberté est remis en cause, et cela rejoint ce que nous avions constaté sur le peu d’autorité réelle du roi Arthur. Le roi n’est que le premier de ses chevaliers, élu par eux et toujours susceptible d’être remis en cause au nom de la tradition, que le roi incarne, justement. Piège, en boucle. Et les chevaliers feignent inconsciemment, si l’on peut dire, depenser que le principe de remise en cause du principe de non-hiérarchie serait celle des principes moraux de chasteté, de défense de la veuve et de l’orphelin, principe d’ailleurs aussi bien monacaux, d’où l’existence d’ordres de chevalerie monastique.

Le gisant de l'évêque.JPG

 

 

Page 188 : «D’un commun accord », (note : là encore, il y a une contradiction entre le fait que Vortigern soit entouré de la plupart des chefs bretons et la lutte qu’il mène par ailleurs contre les partisans d’ Ambrosius Aurelianus. D’après ce passage de Nennius, Vortigern est vraiment le chef suprême des Bretons, mais sa royauté est à la mode celtique : il ne peut rien décider sans l’accord des chefs des différentes tribus qui se sont alliés à lui) – « on décida de faire la paix. Leurs messagers repartirent et ensuite revinrent fixer un rendez-vous pour l’une et l’autre partie ». Vous le voyez, de nombreux extraits référencés parsèment ce long ouvrage. Ils sont suffisamment illustratifs et répétitifs pour que le lecteur saisisse parfaitement les quelques idées maîtresses de l’œuvre de Markale, entre autre, semble-t-il, que l’esprit de démocratie était déjà existant chez les Celtes – ou du moins l’esprit d’égalité entre les chefs.De là proviendra tout le droit français en matière de monarchie - vous savez en effet que Chirac est bien plus absolu que ne le fut jamais Louis XIV, et ce grâce au centralisme jacobin hérité de la Révolution et de l'Empire. Page 235 : «En ce temps-là il y avait à Tara deux portiers : l’un était Gamal fils de Figal, l’autre Camall fils de Riagall. L’un d’eux, étant à la porte, vit venir à lui une troupe de gens inconnus ; en tête de cette troupe était un jeune guerrier, beau, distingué, vêtu comme un roi. Ces inconnus dirent au portier d’annoncer leur arrivée aux habitants de Tara « Qui êtes-vous ? » demanda le portier. - « C'est Lunn Lonnansclech (le Multiple Artiste), petit-fils de Diancecht, par Cian, son père, petit-fils de Balor » - Balor, l'un des chefs des Fomoré, est un personnage cyclopéen, avec un œil qui est capable de foudroyer tout ce qu'il regarde.

 

...Et qu'avez-vous remarqué, braves gens ? Que le pays s'appelle « Tara », c'est-à-dire exactement le nom du domaine d' Autant en emporte le vent. Il s'agit dans les deux cas de la demeure, du pays primordial et central, centre de la Terre. Dans la légende, l'Irlande. Ensuite, vous aurez noté l'harmonie des noms.

 

A la demande pressante d'une partie de mon auditoire, nous reprenons aujourd'hui le survol d'une œuvre de Jean Markale, Le Roi Arthur. Nous avions donc dit que ce roi fut réel au cinquième siècle après Jésus-Christ, mais que la légende en avait fait quelque chose comme le roi de ce monde, l'équivalent chez les Plantagenêts de Grande-Bretagne du Charlemagne des francs. La reine de l'autre monde était sa femme, la reine Guenièvre, qui le trompait avec Lancelot. Mais nous n'avions pas terminé nos sauts de kangourou celtique à travers le livre, par multiples de quarante-sept. Et à la page 235, où il était question de héros irlandais nommé Lug Lonnansclech (le Multpliple Artiste), Diancecht, Cian et Balor, nous avions attiré l'attention sur le pouvoir d'évocation poétique des noms propres.

 

Déjà dans l'Iliade, où les noms des guerriers tués ou triomphants évoquaient en caisse de résonance maintes légendes pour les Grecs, ou dans les poésies d'Okoundjé, qui paraît dans « Le Bord de l'Eau », le mélange de noms africains avec la langue française, aussi bien que le truffage d'hispanisme dans un compte-rendu enthousiaste de corrida – les mots angliches n'épatant plus que les Monsieur Durand. Ce qui ne veut pas dire qu'il suffise de mélanger les langues – et pourtant voyez Valéry Larbaud - pour faire de la bonne poésie. N'oublions pas que pour les Irlandais ces noms étaient aussi évocateurs que pour nous ceux d'Achille ou d'Ulysse.

 

Page 282, il est dit ceci : « Mongân (c'est le héros) a une idée :

 

« Il dit à Mac an Daimh : « J'ai la forme dans laquelle nous irons, et je suis bien décidé à obtenir ma femme, cette fois. » - « Cela te convient, ô noble prince » dit Mac an Daimh. «  - Alors va et appelle Cuimne, la femme du moulin, pour qu'elle vienne me parler. » - « Il ya trois vingtaines d'années », dit Cuimne, « que personne ne m'a demandé de venir lui parler. » Elle sortit avec son chien. Mongân, quand il la vit, se mit à rire et lui dit : « Si tu veux mon avis, je vais te donner un aspect de jeune fille et tu seras comme une épouse pour moi ou pour le roi de Leinster. » - « Je le veux bien », dit Cuimne. Et avec un charme magique Mongân transforma l'affreux chien en un bichon tout blanc, le plus beau du monde, avec une chaîne d'argent autour du cou et une clochette d'or... » Nous savons désormais combien il faut prendre les contes de fées au sérieux. C'est aux enfants que sont transmis les derniers menhirs de notre code légendaire celtique. Le roi Mongân, avatar vraisemblable duroi Arthur, est une fois e plus à la recherche de sa femme, enlevée par l'Au-delà, comme Orphée. L'on retrouve là les éléments obligés du conte de fées : vieille femme, transformation, prince, errance et profonde campagne. Les contes sont nos derniers romans de chevalerie, voir La Belle et la Bête. Page 327, où est cité un des nombreux extraits qui étaient les dires de cet ouvrage : « Il l'atteignit au milieu du corps et en fit deux tronçons. Kaw de Prydyn recueillit le sang de la sorcière et le garda. » Extrait de Kulhwch et Olwen. « Après cette expédition, Arthur réunit ses compagnons à Kelliwic en Kernyw et invita les rois du voisinage à participer au festin. »

 

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