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Philippe Grimbert, suite et fin

 

« Un matin » poursuit le narrateur sur la page d'en face, « peu avant mon dix-huitième anniversaire, le téléphone a sonné. Après avoir répondu mon père a raccroché, le regard absent, la main encore appuyée sur le récepteur » - guère original, le style. C'est du Noullet, c'est du Vitoux. « Il nous a annoncé la nouvelle d'une voix calme, puis s'est penché pour caresser Echo venu se coucher à ses pieds » - tiens, le nouveau chien porte le nom de la vie du jeune homme : un écho de son frère mort... mais c'est que je deviens bon ! Bon, et sec, comme l'auteur). « Il est resté incliné un bon moment, sa main ébouriffant la fourrure de son chien, puis s'étant enfin redressé il est parti enfiler son manteau », cet obsédé. « Il a accepté que je l 'accompagne.

 

« La voisine qui aidait Joseph pour ses courses et son ménage nous a fait entrer. Sur la table recouverte d'une toile cirée » oui je sais il faut «faire banal  « j'ai vu une assiette vide, un verre à demi rempli, une serviette chiffonnée. Mon grand-père reposait dans son lit, la tête rejetée en arrière, le teint cireux, la bouche ouverte », avec des asticots dans les oreilles (pour surprendre un peu l'auditeur, tout de même). « Mon père l'a contemplé puis s'est tourné vers moi pour me dire qu'il était heureux que son père soit mort dans son sommeil » - ce qui ne va pas tarder à me donner peur de m'endormir. « La plus belle façon de quitter ce monde, a-t-il ajouté » - évidemment, par rapport à une chambre à gaz. «Je me suis approché du visage de Joseph, j'ai touché sa joue du dos de ma main, sa peau était glacée » - banal, banal. Moins banal ce qui suit : « Quel rêve l'avait emporté ? Avait-il su qu'il disparaissait ?

 

 

 

« Nous avons enterré Joseph au Père-Lachaise » - on a les moyens ou ne ne les a pas. « On se donne les moyens », comme disent les sarkozystes. « Nous nous sommes dirigés vers le carré juif » - mais oui, il y a des juifs pauvres, nous connaissons l'objection ; et celui qui me traite d'antisémite, je lui fais bouffer la Torah page à page et sans sel « où mon grand-père allait reposer à côté de sa femme. J'ai découvert la tombe de Caroline,» - qui c'est ? - « à deux pas de l'appartement de Joseph, à quelques minutes de l'avenue Gambetta. Encore une question que je n'avais jamais posée. Lors de nos balades parisiennes mon père m'avait souvent emmené rendre visite aux morts les plus célèbres du Père-Lachaise, mais jamais nous n'avions fait le détour par le carré juif. Pourquoi serait-il allé se recueillir devant la dalle où était gravé le nom de sa mère ? Il portait ses morts en lui : ceux qui lui avaient été les plus chers n'avaient pas de sépulture, leur nom n'était inscrit sur aucun marbre. A plusieurs reprises, lorsque nous étions passés devant le bâtiment du columbarium, il m'avait fait part de sa volonté d'être incinéré. Maintenant seulement je pouvais comprendre la véritable raison de son choix. » Il est vrai comme je l'ai lu que d'autres pourraient aussi éprouver le besoin de se faire enterrer, pour changer.

 

« A peine arrivé à la maison mon père a saisi Echo dans ses bras et s'est approché de la fenêtre » - jettera, jettera pas ? « Il l'a ouverte et s'est avancé sur le balcon pour rester un long moment à contempler la rue puis il s'est enfermé comme à son habitude dans le gymnase. »

 

Pudeur ? Assurément, monsieur l'auteur, mais banalité à la Sylvie Vartan, aussi.

 

 

la petite princesse.JPGLa petite princesse par Anne Jalevski - www.anne-jalevski.com

« A l'oral du bac, j'avais tiré un papier sur lequel était inscrit le sujet à traiter, qui se résumait à un nom : Laval. Paralysé, j'avais bredouillé une phrase sur la collaboration, une seule, qui avait mécontenté mon examinateur. Persuadé d'avoir affaire à un nostalgique de Vichy » - ça existe ces bêtes-là ? - « je m'étais muré dans un mutisme qui m'avait valu de redoubler ma terminale. »

 

Je ne sais que dire. Ce n'est pas mal, mais cela ne suffit pas. Il faut plus de moyen, plus de souffle, plus de distance avec le bon style de bon élève. Un secret de Philippe Grimbert est assurément une histoire bouleversante de sincérité, de pudeur, de justesse, mais.

 

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