Indignations puceautières
...(la plus friponne et la plus scélérate, au point de jouer les libéraux, les démocrates ; les bureaux d'accueil. Alors que le dernier des ploucs de Follainville-Dennemont ou même tenez de St-Cyr-en-Arthies saura parfaitement, dès atteint l'âge de propreté sur soi, que nul n'entrera ici d'un quart de ligne qu'il ne soit l'ami d'enfance de ces snobinards prétentieux. Jamais on n'aura poussé si loin l'aveuglement – car hélas, nos fils de bonne famille ne sont pas même conscients de leur sottise. Il leur serait pardonné s'ils montraient leur cynisme, tel ce directeur de théâtre qui rigolait en 65 à la télé : "Allez-y les jeunes auteurs ! Envoyez vos manuscrits ! On a justement un vieux piano qui boite !" Là, même pas : ces braves andouilles de Mantes ne se sont pas aperçus de la gifle, du mollard, de la diarrhée qu'ils projetaient à la face de tous ceux qui mijotent dans l'ombre, de tous les asociaux, de tous les aigris qui ne savent pas sourire dans les salons, ignorent l'art de pérorer à vide en tournant son verre dans les doigts comme un héros de Sagan.
Ils ignorent aussi l'art de flagorner l'auteur qui vient "faire une signature" tout en empêchant les timides d'approcher ("Il est à nous l'auteur, il est à nous ; vade retro, loqueteux ! même pas de veston" – j'ai pas dit "cravetouze, on n'en porte plus, j'ai dit "veston"). Moi je ne sais pas vendre les bouquins. Je ne sais pas me montrer tellement accueillant que ça vous donne envie de fuir, vermisseau que vous êtes, sans entregent, timide, ouh ! qui marche le dos courbé, ouh ! le pauvre type qui n'a pas encore son imprimante, ouh ! le taré qui ne s'est pas encore fait publier, ouh ! qui ne se fera pas publier chez nous parce qu'on ne fréquente pas le même milieu !
Le Chœur :
"Des-noms ! Des noms !"