Proullaud296

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On reprend tout, et on recommence

 

Disons, si j'ai bien compris, que Viviane Forrester nous invite à ne plus nous en sentir déshonorés. Mais alors, il faudrait que nous ayons une allocation de subsistance, disons d'existence : tout être humain vivant aurait de ce fait droit à une pension, je dirais même d'indemnité, car ce n'est pas marrant d'être vivant puisqu'on doit crever.

 

Elle nous invite en somme à une reconversion des esprits, analogue à l'esprit soixante-huitard - nous y revoilà : on l'accuse aussi de cela, le "soixante-huitardisme dépassé" - qu'est-ce que c'est que ces idées qu'on dit "dépassées", mais qui n'en finissent pas de remonter à la surface ?

 

Moi je ne m'y connais pas en affaires, mais en éducation nationale. Or il se trouve que j'ai perçu avec un grand grincement de dents, et de façon bien plus palpable, les contradictions de Viviane Forrester au sujet de cette noble institution.

 

En effet, elle déplore à la fois qu'une partie importantissime de la populatin dite scolaire refuse les bienfaits de la culture bourgeoise embrigadante et amie de l'ordre - c'est un peu vrai - et aussi qu'il ne soit plus possible de transmettre les valeurs et l'héritage de notre culture classique par exemple.

 

Mais il faudrait savoir : ou bien on transforme les cours en initiation au karaoké ou au VTT comme nous y incitera bientôt notre suave ex-ministre M. Allègre, ou bien ou réaxe l'école sur la transmission de ce que j'appelle les savoirs réels, c'est-à-dire Mozart, Corneille et Léon Blum - parfaitement.

Sous la table, sur la chaise.JPG

 

 

Mais on ne peut pas vouloir les deux à la fois. Et là, j'ai grincé : parce que de toute façon -c'est devenu une habitude - les profs ont tort : s'ils transmettent Molière, ils sont bourgeois et dégoutent les jeunes beurs en planche à roulettes ; et s'il font du karaoké, ils balancent la culture ancestrale. Ils ont tort, vous dis-je, ils ont tort. Et sans doute les hommes d'affaires ont-ils eux aussi tiqué puissamment devant des élucubrations de raisonnement aussi absurdes dans leur matière.

 

Cependant, on ne peut nier que Viviane Forrester n'ait mis le doigt sur des mensonges flagrants, colportés encore par Chirac et toute la clique : premièrement, aller dire que la France va à sa ruine m'a semblé une inexactitude calomnieuse:ce sont les patrons qui s'appauvriraient éventuellement, pas la France. Parce que si la France et ruinée, tas de cagots, qu'en sera-t-il donc de l'Albanie, je vous le demande ? et les deux Congos ?

 

Deuxième affirmation qui me ferait boyauter si j'avais encore envie de rire : "Les entreprises créent des emplois" ! Où est-ce que tu as vu cela, Chichi ? ¨Parfois je me désole de passer à la Clef des Ondes, où je m'adresse à des convaincus en un seul mot, et j'aimerais être l'éditorialiste du Figaro, pour faire roter les bourgeoises de travers, ça leur remettrait le stérilet en place.

 

Les entreprises font des bénéfices, engrangent les subventions à tant par camion, n'est-ce pas Nicole ? Notat, pour les attardés. Et plus elles font de bénéfices, plus elles licencient, afin d'augmenter leurs bénéfices ! Tout le monde sait cela maintenant ! Je vais même vous en dire une bien bonne : faisons comme à Athènes au Vè s. avant J.C. ; supprimons les salaires. Ca ira beaucoup mieux. Viviane Forrester nous le suggèrerait bien.

 

En effet : qu'est-ce que c'est que ces ouvriers qui se plaignent de gagner insuffisamment ? Quoi ! les ingrats ! on leur donne une dignité, le travail ; une dimension humaine, une raison de vivre, et ils voudraient en plus un salaire ? Alors que les deux tiers du monde crèvent de misère ? Salopards, va! Les salaires, c'est pour ceux qui travaillent, qui prennent des risques, les "forces vives de la nation", qui s'empressent de faire travailler le burnous ou le gnaquoué à l'autre bout de la planète ou de planquer son argent en Suisse.

 

Voilà des patriotes ! et non pas les ouvriers, d'origine polonaise ou pire. Les patrons, c'et ceux qui se présentent en costume cravate en face des camionneurs en cols roulés. Sans eux, l'entreprise n'existerait pas. C'est donc à eux de toucher le bénéfice. C'est comme le fils du mec cité plus haut : sans son père, il n'existerait pas ! eh bien, je propose qu'on lui limite le salaire à 400 euros, à ce petit salopiaud de 31 ans, tant que son père est encore vivant !

 

Bien fait pour sa gueule ! c'est le père, c'est le patron, c'est le chef, qui doit gagner l'argent ! Et puis tant qu'on y est, nous dit Viviane Forrester dès les premières pages de son livre, supprimons carrément les pauvres. Pas en faisant une guerre, on n'en est plus là, mais en les réduisant à quia et en les empêchant de se reproduire, comme naguère dans les pays scandinaves. Et là, elle charrie.

 

Elle charrie, parce qu'elle s'adresse à des gens qui ne peuvent pas la comprendre : en effet, elle fait de la littérature, et c'est là qu'elle est la plus faible. En effet, comment voulez-vous que des décideurs comprennent quoi que ce soit à la littérature ? Ils vont la renvoyer, Viviane, à ses métaphores. Ils ne la liront pas plus loin que les trente premières pages, parce qu'il y a du style, ça ne fait pas sérieux, ces gens-là ne lisent que des statistiques et des cours de la bourse, alors les paragraphes bien ordonnés, les énumérations, les images... Foutaises !

 

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