CITATIONS 1 à 217
C O L L I G N O N
C I T A T I O N S N° 1 à 217
Le présent recueil contient les citations relevées par
BERNARD COLLIGNON
au cours de ses lectures , depuis
l'automne de l'année 1962 (2009 n.s.)
jusqu'à la fin de ses jours terrestres
1. Tout comme la femme cherche à être belle
pour plaire, l'homme cherche à être admirable. La
femme qu'il aime doit se prêter à ce jeu. Si
elle se montrait sceptique, si elle soulignait
chez son amant certaines faiblesses ou certaines
contradictions, elle serait aussi maladroite,
d'une clairvoyance aussi inutilement cruelle, que
l'homme qui signalerait à sa maîtresse des rides
ou un double menton.
Jules ROMAINS
"Les Hommes de Bonne Volonté"
T.I ch.XIV p.152 "Le 6 octobre"
2. Vautel (NOCHER! N.D.L.E.) héritier de Har-
douin. Un de ces fameux représentants du bon
sens, qui sont chargés, de génération en généra-
tion, de maintenir l'homme moyen dans ses pensées
basses. Dans sa routine d'animal domestique. Dans
son scepticisme bedonnant. Un de ceux grâce à
qui le règne des malins continue.
id. ibid.
ch. XV p.160
3. -Mais dites, la femme, vous ne l'avez
pas revue, depuis?
- Non, non.
- Vous me l'affirmez?
- Je vous le jure.
- Ce serait très grave.
- Oh! c'est une bonne gosse. Elle ne me
vendrait pas.
- Quelle illusion! Vous êtes tous
pareils.
id. ibid.
ch. XIX p.230
4. "Eh bien non, tous ces pauvres corps de
vieilles femmes ne sont pas faits pour pareilles
épreuves. Cela ne signifie certainement pas que
le fracas et la destruction seraient plus juste-
ment réservés aux corps parfaits des hommes jeu-
nes, comme il semblait qu'il en dût être, autre-
fois, dans les autres guerres.
Georges DUHAMEL
"Lieu d'asile"
ch.XXIX
5. "Quel est mon but dans la vie? Tout est
là"
Jules ROMAINS
"Les Hommes de Bonne Volonté"
T.II ch.XV p.185
"Le crime de Quinette"
6. Je suis persuadé qu'à tout moment, il y
aurait un point, quelque part, où l'on pourrait
agir. Je vous répète que nous nous sommes laissés
abrutir par la philosophie de l'histoire. Le culte
de l'inévitable.
id. ibid.
T.II ch.XX p.222
7. Jamais rien de grand ne s'est fait sans
des audaces morales, des entorses aux principes,
qui auraient suffoqué les petits esprits.
id. ibid.
T.II, ch.XX p.236
8. Voilà le nœud de la question; la jointu-
re. Le point où l'homme d'action doit pouvoir
s'articuler sur le théoricien. Être orateur.
"(pour "(mater) une foule" et "attaquer l'ordre établi")
d'après Jules ROMAINS
"Les Hommes de Bonne Volonté"
T.III ch.II p.30
"Les amours enfantines"
9. "Race humaine, race de comédiens. Un rôle
qui vous est échu par hasard, et qu'on joue jus-
qu'à la mort, par vanité, pour qu'il ne soit pas
dit qu'on vous en a fait démordre.
id.ibid.
p.31
10. Quand on veut obtenir des ouvriers, des
inférieurs en général, qu'ils fassent à peu près
ce qu'on leur demande, et aussi qu'ils vous con-
sidèrent, il ne faut pas regarder à quelques
sous.
id.ibid. T.IV "Eros de Paris"ch.I p.9
11.- Il revoit le jour de sa première communion. Journée d’affres et de tremblement ; puis de fatigue fiévreuse, de rancœur presque rancunière, après une semaine vécue à travers une nuée de scrupules, comme si l’on avançait nu dans des tourbillons de moustiques. La terreur constante de perdre le fameux état de grâce. Le matin même, sous le porche de l’église, ses yeux avaient rencontré par hasard une petite communiante. D’office il s’était soupçonné coupable de pensée impure. Il lui avait fallu aussitôt trouver un vicaire, le premier venu – sans prendre le temps de chercher son confesseur à lui – et s’accuser. Toute la cérémonie s’était déroulée sous la surveillance de ce terrorisme intérieur. Bonnes conditions pour goûter les abandons célèbres de l’Eucharistie.
« C’était entendu. J’exagérais un peu. Mais qui était le plus dans le vrai, moi, ou le fils du crémier sur la chaise d’à côté qui rigolait en douce ? Et plus tard – un ou deux ans plus tard,je ne sais plus – quand je suis tombé sur la phrase de l’Évangile : « Il n’y a qu’un péché qui ne sera pas pardonné : le péché contre l’Esprit. » Exactement une vrille atteignant en trois tours l’endroit de l’âme le plus atrocement central. Je n’oublierai jamais le bleu-ciel douceâtre de la couverture du livre, ce bleu-ciel menteur dans lequel un tonnerre venait d’éclater. »
Jusque-là, il avait eu la hantise du péché mortel et de la communion sacrilège. Pourtant l’absolution restait à sa portée. Mais maintenant, puisqu’il avait découvert le péché sans absolution, et par nature le plus immatériel, le moins palpable de tous, qui l’empêcherait de le commettre, ou de craindre de l’avoir commis ? La volonté n’y pouvait rien. L’enfant savait déjà, par une âcre expérience, que la volonté se divise contre elle-même. À la rigueur, quand c’est une action qui constitue le péché, la volonté peut se rassurer un peu en se convainquant que l’action n’a pas été faite. Mais quand le péché est une pensée, quand il est tout entier de la substance de la pensée, il devient inséparable d’elle ; il sort d’elle comme d’une poitrine ; il est mêlé à son moindre souffle.
« Désormais j’avais la damnation logée en moi. Je portais en même temps le gouffre et son vertige. Je revois cette impériale de tramway du dimanche. J’allais au Bois de Boulogne avec mes parents. Les gens du dimanche ne prenaient pas garde à ce pauvre petit enfant de treize ans qui, serrant les lèvres, portait l’abîme chrétien sur l’impériale ensoleillée. Leur abîme, pourtant ; même s’ils n’y pensaient plus ; celui de leur civilisation ; celui de leurs ancêtres. Facile de sourire. L’âme n’a pas d’âge. Moi,je le sais. Honte sur moi si plus tard, quand j’aurai quarante ans, soixante ans, je jette un regard d’ironie indulgente sur un visage de treize ans habité par une douleur inconnue. Et d’ailleurs, y avait-il niaiserie de ma part, méprise puérile ? Mais non. Encore une fois non. Quel était mon tort ? De prendre les choses trop au pied de la lettre ? Mais d’abord, en matière de religion, qui vous permet de ne pas prendre les choses au pied de la lettre ? De quel droit « en prendre et en laisser ? » Attitude de farceur, de tièdes, de candidats à l’incroyance. Je dis qu’un prétendu chrétien qui eût souri de moi n’eût été qu’un amateur. Le système étant donné, c’est moi qui avais raison. Pascal aussi avait porté l’abîme. Comme je me sentais le frère, le cadet tardif de tous ces torturés des grands siècles chrétiens ! Guirlandes de la damnation sur l’ogive des portails. Gargouilles. Torsion désespérée des cathédrales. Vocero de l’enfer. Le moyen âge, je sais ce que c’est. J’y ai vécu. Tous ceux qui ont admis la prédestination et qui se disaient : « Je suis du mauvais côté. » Même Pascal criant si fort « Je suis sauvé » parce qu’il claque de peur.
Jules ROMAINS
Les hommes de bonne volonté
11 bis . - « Quand je suis tombé sur les formidables imprécations de Lucrèce : Humana ante oculos… horribili super aspectu mortalibus instans… Pour d’autres, c’était un texte de version latine. Mais moi, je le vivais littéralement, son cri, vingt fois séculaire ! Ah ! Quelle sombre jeunesse préchrétienne il a dû avoir ! Car ça ne date pas du christianisme ; comme le
croyait ce polémiste simplificateur de Nietzsche ; le christianisme a simplement approfondi le vertige ; a élevé le supplice à la puissance infinie.
id. ibid.
11 ter. - Le principal : d’avoir atteint dès treize ans le sommet de la douleur humaine.
id. ibid.
11 quater. - Avoir eu de son avenir, de sa destinée, une vue elle, que non seulement la mort n’y apparaissait pas comme un malheur important, mais – arme la plus terrible inventée par la religion contre l’homme - que la mort y apparaissait comme un recours inutile. Un état où l’on se dit que se tuer de désespoir serait inopérant pour mettre fin au désespoir. Après ça, de quelle hauteur on arrive sur les incidents ordinaires de la vie !
id. ibid.
11 quinquies. - Les parents ou leurs amis qu’on entend gémir sur des pertes d’argent ! Petites misères touchantes de l’adulte.
7O. Le rationalisme parle comme si la
connaissance, automatiquement ou laborieusement,
allait toujours dans le sens d'un enrichissement
de l'être humain. C'est ce que l'on conteste.
MOUNIER
"Introduction aux existentialismes"
71. Les philosophes se (sont) ingéniés, en accord avec les savants, à vider le monde de la présence de l'homme.
id. ibid.
72. (Le rationalisme) a oublié que l'esprit connaissant est un esprit existant, et qu'il est tel non pas en vertu de quelque logique immanente,
mais d'une décision personnelle et créatrice.
id. ibid.
73. L'existant...ne recherche pas LA
vérité, une vérité impersonnelle et différente à tous, mais SA vérité, une vérité qui réponde à ses aspirations, comble ses attentes, dénoue ses
problèmes.
MOUNIER
"Introduction aux existentialismes"
74. Ce n'est pas LA mort qui est un
problème philosophique mais QUE JE MEURE.
id. ibid.
75. Le sujet n'est (cependant) pas
enfermé dans son je-je, mais affronté au monde
entier.
id. ibid.
76. On n'ose pas aviser le premier fou, le
fou noyé dans son rêve intérieur, mais le second,
le fou lucide et satisfait qui ne vit plus que
chose parmi les choses, on frémit aussi de le
regarder, "par crainte de découvrir qu'il n'a plus
de vrais yeux, mais des yeux de verre et des
cheveux de paillasson, bref, qu'il est un produit
artificiel".
MOUNIER
"Introduction aux existentialismes" p. 19
+ citation de KIERKEGAARD
77. Il n'y a pas d' Être, il n'y a que des
existants.
id. ibid.
78. Soit un poinçonneur de métro, qui du
matin au soir perfore des tickets dans une vague
inconscience, ou un petit rentier qui somnole dans
son confort. Vies dont on éprouve le malaise de
penser qu'elles sont quasi-fonctionnalisées, dont
les ressources secrètes, les puissances
d'émerveillement tarissent peu à peu. A la limite,
vies sans mystère. Devant de telles inexistences,
une exigence incoercible vous saisit, le besoin
d'y découvrir un mystère, une secrète plénitude
d'être qui ne se réduise pas à un déroulement
d'états inconsistants.
MOUNIER
"Introduction aux existentialismes"
79. Un inexistant est un homme qui ne
s'embarrasse pas de questions.
id. ibid.
80. La philosophie ne commence pas par une
acquisition, mais par une conversion, comme la
religion.
id. ibid.
81. Il faut nous débarrasser du préjugé que
la volonté de rester en dehors de l'objet soit
toujours favorable à la connaissance.
id. ibid.
82. C'est par erreur qu'on a cru voir dans la
méthode existentialiste une logique du
sentiment...
L'existentialisme refuse simplement de laisser
aux catégories rationnelles le monopole de la
révélation du réel.
MOUNIER
"Introduction aux existentialismes"
83. Oui, j'en ai assez de porter toujours
mon âme, j'ai hâte de trouver ce pays où le
soleil tue toutes les questions. Ma demeure n'est
pas ici.
CAMUS
"Le Malentendu"
84. Oh ! je hais ce monde où nous sommes
RÉDUITS A DIEU !
id. ibid.
85. Priez votre dieu qu'il vous fasse
semblable à la pierre... c'est le seul vrai
bonheur.
CAMUS
"Le Malentendu"
86. Le sérieux existentiel est à la fois
engagement et dégagement, souci de présence et
d'insertion, et crainte de s'immobiliser dans les
positions acquises et dans les fidélités
enregistrées.
MOUNIER
"Introduction aux existentialismes"
p. 31
87. Une conception singulièrement
dramatique du destin de l'homme.
id. ibid.
88. Un nouveau mal du siècle.
MOUNIER
"Introduction aux existentialismes"
89. Vous voyez l'air de cette jeune femme,
son assurance, le regard joliment dédaigneux
qu'elle nous jette... cette affirmation... oh !
charmante ! du contentement de vivre et d'être ce
qu'elle est... ce refus de toute crainte... ?
Chaque fois maintenant que je suis en présence
d'une de ces images, pleine d'une gracieuse, à
peine agaçante royauté féminine, qui jadis me
séduisaient ou m'intimidaient sans plus, je pense
à tous les visages pareils à celui-là qui ont vu
s'aligner en face d'eux un peloton d'exécution,
dans un des pays que j'ai parcourus... moins que
cela... qui ont eu à pleurer en vain pour
attendrir le garde-chiourme d'un camp de
concentration... qui se sont figés d'épouvante à
l'entrée de policiers dans un vestibule, ou devant
une bande d'énergumènes qui hurlaient... Oui, …
tous les visages qui ont découvert en un dixième
de seconde que le sourire un peu dédaigneux, les
sourcils coquettement froncés, le regard de
princesse, cela ne servait à rien, absolument à
rien, que toute cette parade de défi,
²de hardiesse, d'invulnérabilité, de "je ne ferai
jamais que ce que je voudrai", et de "c'est vous
plutôt qui ferez ce que je voudrai pour ne pas me
déplaire", que tout cela était chose creuse,
coquille friable, prête à s'effondrer, convention
et comédie bonnes pour les temps où l'on joue à la
gentillesse. Le jour où les brutes mettent leurs
pattes sur la vie, le jour de la Kommandantur, de
la Tchéka et des mitrailleuses... quand on n'a
plus devant soi que la force terrible et nue... si
réelle que plus rien d'autre n'est réel... hein ?
qu'est-ce qu'il reste de ce joli jeu ? Oui, j'ai
envie de dire : "Pauvre petite ! " (Pas moi)
Jules ROMAINS
"Les Hommes de Bonne Volonté"
T. XXII, Les Travaux et les Jours" pp. 184-5
90. L'ON N'A PAS RAISON. L'ON SE DONNE
RAISON.
id. ibid.
T. XXIII "Naissance de la Bande" p. 161
91. Il ne s'arrêtait à aucune vision
particulière. C'était plutôt comme si des images
vives, marquées chacune d'un excès, eussent été
jetées dans la trémie de sa tête et brassées
ensuite par un vent violent. Il y avait des
visages de nègres, de grosses lèvres de nègres,
des seins et des croupes de négresses, des femmes
très parées, à cheveux courts, dansant avec
impudeur dans les bras de jeunes hommes minces, au
regard froid et sportif. Une ronde de corps nus,
tous noirs, tous blancs, ou alternés. Des caresses
qui soudain parcouraient ces rondes, les
ralentissaient, les couchaient à terre. Ou bien,
le long d'une rangée dansante et gracieuse comme
celle des Panathénées, de fines mains de jeunes
femmes, d'un geste pareil, saisissaient de jeunes
dieux ithyphalliques. Il y avait des cortèges
d'hommes durs, des saluts du bras levé, des
matraques tombant sur de vilains crânes, sur des
dos voûtés et chétifs ; des acclamations ; des
monuments où l'on entrait par-dessus des grilles
renversées ; des pelotons d'exécution face à des
murs très lumineux, et le bruit des salves était
couvert par celui des fanfares. Il y avait des
festins et des orgies dans des palais tout neufs
aux murs blancs, aux lignes nues, sortis du sol
comme un ascenseur qu'on appelle par un bouton.
Tout cela était fouetté de soleil à travers des
secousses rythmiques, à mi-chemin du spasme de
sexe et de la contraction de muscle d'athlète ; et
réveillé constamment par une saveur qui
ressemblait à celle du champagne nature glacé.
Jules ROMAINS
"Les Hommes de Bonne Volonté"
T. XXIII "Naissance de la Bande" pp. 167 / 8
92. Les imbéciles ! ils paieront ça ; ils
paieront leur dédain pour tout ce qui est beauté,grandeur, noblesse de la vie... leur rêve de toute une humanité en savates, en gilet de laine, en bretelles flasques, qui acceptera de vivre dans des cabanes à lapins, sur des ruelles de gadoue, du moment qu'il n'y aura plus de patrons, plus de femmes trop bien habillées, qu'on en fichera le moins possible, et qu'il sera assuré aux ex-damnés de la terre un minimum de six heures par jour pour
jouer à la belote ou pêcher à la ligne.
Jules ROMAINS
"Les Hommes de Bonne Volonté"
id. ibid. T. XXIV
"Comparutions" p. 69
93. On nous dit qu'en suivant Hitler le
peuple allemand proteste contre des injustices
qu'il aurait subies, ou se prépare à assouvir un
besoin de revanche. Oui, sans doute. Mais il
acclame encore plus l'homme qui, par des
incantations délirantes, l'arrache à des années de
d‚pression nerveuse, qui, par des cérémonies
néo-barbares, lui prodigue les secousses,
l'ébriété ; qui, en lui faisant persécuter les
Juifs,brûler les bibliothèques, lui procure, à lui, peuple cultivé, le plus grand scandale
intérieur. Les Allemands savent qu'avec Hitler,
quoi qu'il arrive, ils ne s'ennuieront pas.
Jules ROMAINS
"Les Hommes de Bonne Volonté"
T. XXV - "Le Tapis Magique" p. 127
94. Pourquoi ce qui est délicieux à vivre
serait-il honteux à décrire ?
id. ibid. p. 199
95. Je me disais souvent que la carrière de
séducteur de femmes devait être très difficile,
qu'il était donc un peu trop commode de la
mépriser chez autrui, que les raisins étaient trop
verts, etc... Il en résultait une admiration
involontaire, et assez aigre, pour ce type
d'hommes ; l'idée que dans leur genre ils
formaient une classe hautement douée et
privilégiée. Et comme tous n'offrent point de dons
physiques éclatants, il fallait aller jusqu'à leur attribuer soit une sorcellerie, soit un
rayonnement vital d'une puissance mystérieuse,
bref des formes de supériorité que rien ne
remplace, qu'aucune étude ne procure, et dont, si
l'on veut être tout à fait sincère, l'on ne se
console point d'être privé.
Jules ROMAINS
"Les Hommes de Bonne Volonté"
T. XXVI - "Françoise" pp. 55 / 6
96. ...il est immoral de faire les choses
loyalement, et il est moral de les faire
hypocritement.
id. ibid. p. 226
97. Ce qu'on annonce de mauvais est presque
toujours vrai.
Jules ROMAINS
"Les Hommes de Bonne Volonté"
T. XXVII "Le 7 Octobre" p. 29
98. "...il n'y a pas ici de procès à faire.
Louis n'est point un accusé, vous n'êtes point
des juges ; vous êtes, vous ne pouvez être que
des hommes d'État et les représentants de la
nation. Vous n'avez pas une sentence à rendre pour
ou contre un homme, mais une mesure de salut
public à rendre, un acte de providence nationale à
exercer."
ROBESPIERRE
Procès de Louis XVI
99. "Qu'est-ce qu'un ridicule que personne
n'aperçoit ?
STENDHAL
"La Chartreuse de Parme"
ch. VI p. 102
100. "Qu'importe ton sein maigre, ô mon
objet aimé ?
On est plus près du cœur quand la
poitrine est plate
Et je vois, comme un merle en sa cage
enfermé,
L'Amour entre tes os rêvant sur une
patte.
Louis BOUILHET
101. Le temps qu'on passe à rire est le
mieux employé.
Sadi CARNOT
102. L'oiseau cache son nid, nous cachons
nos amours.
Victor HUGO
"Les Contemplations"
"Autrefois" - "L'âme en fleur"
103. Aimez-vous ! C'est le mois où les
fraises sont mûres.
Victor HUGO
"Les Contemplations"
"Autrefois" - "L'âme en fleur" n° 26
104. "Il y a quelque chose de pire que
d'avoir une mauvaise pensée. C'est d'avoir une
pensée toute faite. Il y a quelque chose de pire
que d'avoir une mauvaise âme. C'est d'avoir une
âme toute faite. Il y a quelque chose de pire que
d'avoir une âme même perverse. C'est d'avoir une
âme habituée."
PÉGUY
105. Le plagiat est la base de toutes les
littératures, excepté de la première, qui
d'ailleurs est inconnue.
GIRAUDOUX
"Siegfried" Acte I
106. Il n'y a de joie de la jeunesse que
pour les parents. C'est très tragique au contraire
d'être jeune.
GIRAUDOUX
"Tessa II" - 4Š tableau sc. 1
107. L'erreur des éducateurs et des parents
est de parler trop souvent aux enfants un langage
stupide. Nous Deux ? N° ?
108. Vous croyez à la possession, alors
qu'en amour il n'y a que la présence.
GIRAUDOUX
"Cantique des Cantiques" sc. 8
109. Depuis que je t'aime, ma solitude
commence à deux pas de toi.
id.
"Ondine"
110. "Je t'aime, Lia. Je ferai ce que tu
veux.
- Ce que je veux ! ce que je veux !
c'est encore un beau maître que je me donne l… !"
GIRAUDOUX
"Sodome et Gomorrhe" Acte I
111. LIA - Tu as mis sur ta vie pour ne pas
me la donner, quand pourtant ton amour soufflait à
la détacher, le plomb de ton travail.
JEAN - Tu crois en toi ? Tu crois
encore à cette femme que les hommes ont faite de
toutes pièces ? Tu crois à ces défauts et à ces
vertus qu'ils t'ont passés au cou et qui ne sont
pas plus toi que ton collier.
LIA - Et l'homme, lui, garde toute
ces cocardes qu'il s'est attachées lui-même ? Il est bon. Il est courageux. Il est fidèle.
id. ibid.
112. Auprès du pétrole, un cadavre n'a
jamais senti.
id. "La Folle de Chaillot" Acte I
113. L'amour est le désir d'être aimé.
GIRAUDOUX
"La Folle de Chaillot" Acte II
114. Que penserait celui que j'attends s'il
savait que j'ai dit je t'aime àceux qui m'ont
tenue avant lui dans leurs bras.
id. ibid. Acte I
115. Mon cher sourd-muet, taisez-vous. Vous
nous cassez les yeux.
id. ibid. Acte II
116. O vous tous, que torture l'idée que
votre femme a un amant, imaginez qu'elle n'est
plus votre femme, faites qu'elle ne soit plus
votre femme et le bonheur vous reviendra... C'est
simple, et personne n'y pense.
id. "Sodome et Gomorrhe"
197. Oh ! La route est amère
Depuis que l'autre Dieu nous attelle à sa croix ;
Chair, Marbre, Fleur, Vénus, c'est en toi que je crois.
RIMBAUD
"Soleil et Chair"
198. Nous ne sommes pas au monde. La vraie
vie est absente.
id.
199. Difficultés du rapport chrétien
d'homme à femme...
Y. BONNEFOY
"Rimbaud par lui-même"
200. Cette vie d'illusions, de cruels
renouveaux, cet ENFER.
id. ibid.
201. Qui n'a pas été vraiment aimé, ne peut
se résigner à mourir.
Y. BONNEFOY
"Rimbaud par lui-même »
202. Toute conscience de soi, découvrant à
l'homme son impuissance, l'oblige au mépris de
soi.
id. ibid.
203. (La sexualité), qui aurait pu être le rythme même de la participation au réel, ici, sous le signe de l'interdit, elle ne produit plus que le VICE.
id. ibid.
204. Déployez votre esprit, mais ne servez pas d'amusement aux autres ; car sachez bien que, si votre supériorité froisse un homme médiocre, il se taira, puis dira de vous : "Il est très amusant!"terme de mépris.
BALZAC
"Le Lys dans la Vallée"
2O5. Les slips "Kangourou" sont à la portée
de toutes les bourses...
X...
206. Le doute travaille en ce moment la
France. Après avoir perdu le gouvernement
politique du monde, le catholicisme en perd le gouvernement moral. Rome Catholique mettra
toutefois autant de temps à tomber qu'en a mis
Rome panthéiste. Quelle forme revêtira le sentiment religieux ? Quelle en sera l'expression nouvelle ? La réponse est un secret de l'avenir.
BALZAC
Préface au "Livre Mystique"
207. ..."Mat‚rialité de la pensée, et son
énergie magnétique... (Les) idées ont une vie
propre par elles-mêmes... Elles vivent aussi en
dehors... Le fluide nerveux qui se dégage du
cerveau, et qu'on appelle vulgairement la volonté,
est une force dont le mécanisme n'est pas encore
connu, ni le potentiel évalué, ni l'utilisation
appliquée... La télépathie, la clairevue, le
somnambulisme... ; les extases..., sont des
phénomènes produits par une projection de fluide.
C'est ainsi que s'expliquent les miracles par
attouchement ou à distance, opérés par Jésus et
par ses apôtres. En déterminant les rapports
qualitatifs et quantitatifs de la pensée avec la
volonté, les physiologues arriveront à des
résultats de plus en plus surprenants. Ils
trouveront les moyens d'explorer la zone subtile
de la pensée et du sentiment. Les hommes exercés
en viendront à communiquer d'esprit à esprit, à voir, à lire dans les cerveaux sans recourir aux sens charnels."
Ph. BERTHAULT
"Balzac"
208. Les hommes n'admettent guère,
peut-être avec raison, la vertu des femmes
indépendantes.
MAUPASSANT
"Notre Coeur" p. 15
209. Rien n' (est) plus difficile que de
rendre heureux un homme qui se sent fautif.
BALZAC
"Le Lys dans la Vallée"
210. Il ne suffit pas d'être un homme, il faut être un système.
id.
211. Créer, toujours créer ! Dieu n'a créé
que pendant six jours !
idem
212. Hoc est vivere bis,
vita posse priore frui.
MARTIAL
"Épigrammes"
X, XXIII, 7
213. La haine n'est pas le contraire de
l'amour, c'est son autre visage.
P. HÉRIAT
214. L'homme est un bouffon qui danse sur
un précipice.
BALZAC
215. Qu'a faict l'action genitale aux
hommes, si naturelle, si necessaire et si juste,
pour n'en oser parler sans vergongne, ... ? Nous
prononçons hardiment : tuer, desrober, trahir ; et
cela, nous n'oserions qu'entre les dents ?
MONTAIGNE
"Essais" L. III ch. X
216. Comme le cœur déborde de pouvoir consoler l'innocent à qui l'on a fait du mal !
LAUTRÉAMONT - Ier chant de "Maldoror"
217. Abstineas avidas, Mors, modo, nigra,
manus.
TIBULLE
I, 3