Proullaud296

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APOLLON

COLLIGNON        DESCRIPTIONS        CARTES POSTALES

(LA) TETE D'APOLLON DU MUSEE D'OLYMPIE   


    Rude tâche. Rude car tant d'autres avant nous s'y sont essayés.
Avant que cette tête ne disparaisse sous la culture de masse (humour islamiste),
 admirons donc.

Tâchons de ne point défaillir devant cette magnifique coupe au bol ceignant
 voluptueusement ce front bas, admirons le lisse de ce marbre qui semble appeler
 la caresse, du regard.

"Ne - touchez pas - à la - statue" des yeux seulement. Le nez droit, la bouche
 sensuelle, et les yeux vides : c'est une erreur d'avoir tardivement tracé
 l'iris et la pupille, réduisant "l'amour" à "l'amour d'Alfred".
 Le méplat du côté droit trace un arrondi de mâchoire d'une particulière
 puissance. Les oreilles restent juste recouvertes par les boucles.

La chevelure est en accroche-coeurs pressés, tressés et rapprochés
à la "crinière de cheval". La tête' blanche est tournée vers nous de trois quart
 et regarde loin, divinement, à notre gauche.

Il porte à l'endroit du coeur un trou en vulve horizontale. Vers nous l'amorce
 d'un drapé, plus au fond celle d'un autre apparemment, car le pli
 de l'aisselle n'y correspond pas.

C'est froid, c'est beau, inhumain, divin, inexpressif, plus propre à l'autorité
 qu'au désir. Nous attendons en ce moment l'éclipse partielle qui privera
 le monde sur cette aire de balayage de 60 à 70% de son intensité ;
 les pépiements se font rares, appréhensifs et nocturnes.
    
    Notre Apollon se détourne de nous. Son nom serait plutôt celui
 d'un enclos d'épines, où se réfugient les moutons

dieu,olympe,grece



pour la nuit. Les proportions sont parfaites. Le marbre est d'un cireux
 resplendissant. Le tout dégage une puissance, une indifférence, un dédain
 pur la menace, qui est bien celui d'un homme, au sens viril du terme.
 Et il n'a que vingt ans. S'il baise à vingt ans déjà comme cela, ce sera
très bien vers les quarante. Et quand on en a fait le tour, en passant par
 le haut du crâne aplati, on en a fait le tour, il n'y a plus rien à dire.
 Juste à ouvrir les cuisses en se laissant faire, en serrant les siennes,
 de femme, contre son dos. En même temps, les parois du vagin de resserrent

sur la queue du dieu, se relâchent et se recollent jusqu'à l'orgasme, sans qu'on
 sache très bien si c'est le décollement ou le resserrement qui l'augmente
 le plus. Il me semble que je suis femme.

Et qui baiserait e dieu, qui le ferait jouir, lui qui possède le plaisir
 de l'éternité, lui pour qui l'orgasme humain serait déchéance ? Lui qui
jouirait, déchargerati en pensant à autre chose ? La femme pense à autre chose
 ("Avez-vous pensé cher ami à bien remonter la pendule ? - Such a question
 in such a time ! " De surprise mon père lâcha sa semence, et c'est ainsi
 que je fus conçu, moi Tom Sawyer, Tom le Scieur.)
    
    Apollon, Dieu du Soleil, s'éclipsera ce jour à 10h25, en coïncidence
 avec le printemps. Sonia me téléphone, et nous échangeons des précisions dites
 scientifiques. Nou sessaierons aussi de lever notre précieuse épouse.
 Hier nous étions clinique Tivoli, où notre ami à la barbe solaire gît
 sur son lit d'hôpital, tandis que sa femme trône, seins et ventre en relief,
 derrière une table roulante chargée de mots croisés : Balcon sur la mort.
En pleine forme, la veuve, avec son cancer des deux seins. Leur fille est venue,
 droite, sèche, veuve. Se trimballant de gîte en gîte, ayant décidé

depuis ce veuvage de ne plus avoir de domicile fixe mais de se faire héberger.
 Que c'est une frôle de bête qu'une femme indépendante. Je me demande
 si je suis sorti du sujet ? pas du tout. Apollon est virilité. Froide,
 insaisissable. Abstraite aussi est la féminité, en d'autres statues
 tout aussi blanches en marbre de Paros. Apollon ici se détourne. Sa menace,
 ou son observation, se dirige sur une autre cible. Rien de plus pernicieux
que les rayons du soleil, qui dardent sur le cerveau le fléau des insolations.
 Répète après moi : je suis le meilleur du monde, et il ne m'a rien manqué

d'autre que la magouille et l'occasion pour tomber sous le faisceau
 du Célèbre. Qui saura faire bouger les traits et le cou de ce robuste
 jeune homme ? Je désire Dieu. Dieu me désire-t-il ?  

    La tête est jointe au col par une cicatrice continue de décollation.
 Les tavelures apparaissent au-dessous de la ligne des épaules. Peut-être la tête
 est-elle replâtrée.
 
        

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