Proullaud296

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KHYRS ET TZAGHÎRS

COLLIGNON KHYRS ET TZAGHÎRS

 

1. La stèle

 

Ici le fleuve entaille la falaise. Six cents doghs de dénivelé. Au sommet, la ligne des arbres – en bas, la trouée du rapide et son ravage de troncs. L’eau fume jusqu’aux premières savanes sous la pente : c’est là, au bout de la dernière piste, que se devine sous les herbes la stèle d’Alloum-Khéfi.

« Lis ce qui est écrit !

noirs,armée,invasion

- Comment serait-ce possible, ô Badjar, à celui que tu as privé de la vue ?

- C’est juste.Qu’on l’achève.

Un esclave pousse le Blanc, qui tombe à quatre pattes et reçoit sur la nuque le froid tranchant du ssûtak ; un autre entraîne le corps et la tête hors de la piste, à portée de hyènes.

« Blanc, lis-nous le texte de la stèle.

- De la dixième année de mon très glorieux Règne

« Quiconque, homme ou femme, de peau noire, ayant franchi la borne du Royaume

«  Sera sur-le-champ exécuté ».

Un vaste éclat de rire secoue les Suivants sur leurs méharis, et gagne la colonne des guerriers sur toute sa longueur. Le prisonnier halète. Le ssûtak recourbé s’élève sur sa tête, mais le Badjar fait un geste condescendant : « Laissez-lui la vie ». L’homme est tiré en arrière par la corde qui lie ses poignets. Le Badjar tend le bras vers la stèle. Aussitôt dix guerriers s’arc-boutent à sa base et s’écartent d’un bond quand la pierre s’abat dans un creux d’eau sous les herbes, avec le bruit lourd d’un hippopotame touché à mort.

Alors une clameur remonte la colonne jusqu’aux lisières de forêts, et plus loin, où l’on n’a rien vu. Le Badjar a levé trois fois le ludabeth, sa lance-d’appui, qui descend jusqu’au sol le long de sa monture, et rythme la marche vers le nord : Hy-bâ !

Hy-bâ ! crient les flancs-gardes.

Le Badjar marche en tête sur son méhari. Ses lèvres sont bleues. Son crâne aux tempes poncées porte une crête rousse de la nuque au front. De sa ceinture partent huit longues étoles rouges, tendus en étoiles par huit esclaves à pied, aux lèvres bleues, le torse nu. Ainsi maintenu à mi-corps, il avance avec majesté, comme une rutilante mygale.

Les tendeurs d’étoles trébuchent sur les longues-herbes, prenant soin de toujours garder le tissu soigneusement tiré. Leurs traits et leurs muscles luisent. Sous la taille écartelée par les écharpes tendues à se rompre, un pantalon bouffant d’étoffe blanche à crevés rouges. Les pieds sont nus. Derrière l’imposante pyramide formée par le Badjar et ses étoliers, les treize fouroukh montent des chevaux noirs à crinière courte. Les fouroukhs ou maréchaux ont la tête rousse et la bouche bleu saphir ; mais leurs cheveux sont plus ras, et leurs prérogatives ne vont pas jusqu’à s’autoriser la garance pour se peindre, ou la poudre d’indigo.

Ainsi se règle la tenue des officiers, reconnaissables au nombre de leurs bagues.Les serre-files agitent leurs baguettes de cuivre. Le peuple tzaghîr est en marche : hommes et femmes en état de porter les armes. Ils ont tous les cheveux roux, les lèvres bleues et vernies, et lorsque le Badjar tourne la tête, il aperçoit, en file interminable jusqu’aux Gorges de Lazb, un immense dégorgement humain de braises rouges et de peaux noires.

 

X

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TZAGHÎR FRANÇA1S

 

« Mior utimer wendrè halemu «  Nous avons ainsi cheminé

« horpowo biongak cho rikao, «  jusqu’au coucher du soleil,

«  pö ruzuerru rok mispa fwonga. «  qui s’abaissa sur notre gauche.

«  Ja bunsuéla u jumbu ku nkéakè, «  Le bounsouéla a lancé la prière,

«  nör mior utimer diklu «  puis nous avons formé

« diklu kar bakbar chuzuma. «  les cercles d’ébène.

« Ha nikhuè jami  «  Je portais le numéro 743

«  rior kaq ipshkar Schebbi «  sous les ordres d’Ebbi

«  as ha gor runuzu «  et je fus séparé

«  sha Hamaoua. « de Hamaoua.

«  Ba riok-jou, ha bilnwè «  Ce soir-là, je comptai

«  tchoumer ju turmankwèma «  dans la vaste plaine

« …. «  plus de 50 cercles,

« …e aucun Blanc n’apparaissait encore. Mon tour de garde n’intervenait qu’aux quatrièmes «  veilles. Je dégainai mes deux épées-de-main, l’une plus courte pour la gauche, et l’autre «  pour la droite, et les plantai dans le sol comme il m’avait été enseigné. Puis je déroulai le « çèmo qui ceignait mes reins pendant la marche, et m’y enveloppai. Je ne pouvais dormir, «  enfin parvenu au Pays Blanc... »

 

X

X X

 

« Maîtresse !

- Que me veux-tu, à cette heure de la nuit ?

- Pose ton Rouleau-des-Lois, viens à la fenêtre !

- Je suis trop âgée pour pouvoir m’étonner.

- Tu n’entendais pas ce bruit par la ville ?

- Me voici près de toi. La nuit est restée chaude.

- Les guerriers se sont rassemblés sur la place et les rues voisines remplies.

- Les flambeaux luisent sur les murs de sable.

«  Au-dessus des ruelles invisibles je vois le tunnel pourpre des torches.

- Ils partent cette nuit pour le pays des Khyrs ! »

Djezirah et sa servante demeurent accoudées sur le balcon. Tous les contingents mobilisables d’Aïn-Artoum se sont agglutinés, bloquant la place au coude à coude. Les lances tendues à l’alignement jettent des éclairs roux. Devant le premier rang est ménagé un espace libre. Une vaste gifle de métal:lesl ances se sont redressées. Le Dovi paraît, escorté de deux colosses aux lèvres violacées. Ils élèvent sans effort le Chef sur le pavois.

« Troupes aimées, guerriers !

« Il est venu, le temps des prophéties.

«  Plusieurs fois nos marchands sont allés au gras pays des Blancs

« Les Khyrs, les Gorgés.

« Plusieurs fois leurs curieux ont grimpé sur nos plateaux Tzaghîrrs.

« Nous sommes curieux, nous aussi.

«  À présent nos marchands sont armés

« notre noir empire est plus ancien qu’eux :

«  nous sommes les fils de la Lune et du Vent, Enfants de Toutes-Aures.

«  Que le Premier Croissant nous éperonne.

«  Lune a promis la Terre à nos conquêtes

«  Depuis .540. années pour .540. autres années

«  - Peuple Têtes-Rousses !

2. La bataille de Drinop

 

 

a)

! k

! k Les Khyrs

!k !k tentent

!k de déborder les Tzaghîrrs

>>>>>>>>

TZA !k Ceux-ci percent

>>>>>>>> leur centre

!k !k et se rabattent

sur ceux qui

!k voulaient les déborder.

Le centre Khyr est en fuite.

‘’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’’

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Récit d’un jeune Tzaghîr, Héri

(dans le style de sa nation)

 

« Ma taille n’excédant pas le rayon du soleil (1), je fus introduit au corps agile des

«  Archers. Ce sont les plus parfumées de nos guerrières. Choyé d’une majorité de

« femmes, mon tempérament s’épanouit. Nos exercices alliaient la grâce à la prompti-

«  tude. Comme prescrit par la pratique et les incantations, nous prouvons sur le terrain

«  nos qualités d’infiltration et de repli, et la plus grande souplesse du poignet. Gliss é s

«  parmi le trot des chameaux, nous décochons de bas en haut nos traits courts et mor -

«  tels ; de nos couteaux nous achevons qui choient sur le sol.

«  Nous avons adopté la position du Croissant. Notre aile tenait le nord.

«  À peine avait paru sur le tranchant de l‘horizon la muraille des Blancs.

«  À peine les chefs de pointe avaient-ils levé leur lance de signal que nous fûmes enve -

«  loppés sur notre gauche. Les sauvages escadrons lourds des Khyrs, si véloces sur leurs

«  bêtes, frappaient lourdement comme une mâchoire de pince. Les guerrières f roissées

«  s’abattaient sur leurs arcs flexibles. Les clameurs mêlaient leurs panaches. Pressés

«  comme nous étions, dans une extrême excitation, le mouvement tournant sur la gauche

«  nous fut freiné, mais ceux qui périrent sont tombés sur place. Chameaux et ar c h è r e s

«  mêlées, nous autres quelques hommes, parvinrent à faire front : cohue, retrait du bras,

«  corde bandée, flèches tirées d’en bas.

«  Que notre combat semblait solitaire !

«  Nous avons tenu, enveloppant les chevaux des Blancs sous nos nuées de pennes. Et les

«  Blancs à leur tour chantèrent l’atroce mélodie de la souffrance : jarrets tranchés des bê-

«  tes, cous harassés qu’on égorge, dards fichés au creux des tripes. Nos parfums tournè -

«  rent sous la fadeur, alors les Blancs pleurèrent. Leurs arrières sentirent le poids des lan -

«  ces d’avant-garde, qui s’étaient refermées sur eux comme une coque. Nous en a v o n s

«  consommé un grand massacre, fabuleusement

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(1) 1,65m

 

 

 

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