Proullaud296

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  • Tiens ça marche

    Le chien flou ROMN.JPGMes facultés cognitives s'amoindrissent. Poil aux cuisses. Je devrais penser à autre chose. Poil aux choses. La mère Graba m'avait écrit pour m'engueuler : Monsieur, Je comprend très bien qu'on trouve les voeux de Nouvel An ridicules et dignes d'être moqués. Cependant, on ne souhaite pas "une mauvaise année" avec des voeux de fracture des membres, de santé exécrable et d'humeur détestable. Ou on respecte les traditions, ou on s'en abstient", et tout dans le style. Son fils m'avait laissé insulter et coincer dans un fossé par un automobiliste qu'il avait insulté lui-même. Je hais les gens. Je hais les gens. Je hais les gens. Et l'avenir ? Déjà à 18 ans je l'avais parfaitement compris : c'était "non, tu ne feras pas ça", "non, tu ne feras pas ça", "non tu ne feras pas ça non plus". Poil au cul. Salut tout le monde, salut Erdogan, salut Mélenchon, salut tous les schnoques, salut ma connerie. 

  • Chiant et touffu

    Qui signifient en effet des choses précises, des symboles précis, mais de façon fixe et définitive : on ne dessine pas de moustaches à la Joconde à même le tableau. Le symbolique, dans ces légendes, resterait statique, c'est-à-dire borné à son contexte, tandis que d'autres mots, moins "sacrés" en quelque sorte, seraient susceptibles de prendre un autres sens. "Les mots-monuments ont également une charge sémantique particulière mais parce qu'ils contiennent en condensé les différents précipités de toute une période.” “Epée” au Moyen-Âge renverrait à “d'estoc et de taille” ; au XVIIIe à “tierce, quarte et quinte”, et de nos jours à “théâtre”, “peplums”.

    Même phénomène en peinture, car après tout les coups de pinceau sont aussi des mots écrits - après tout, passer aux signes peints nous permettra de prendre un peu de recul, sans avoir

     

     

    à prendre garde aux confusions entre le sujet et l'objet. La comparaison éclaire : “A la Renaissance, nous apprend Michel Baudson, la peinture avait tenté de montrer le temps par une simultanéité spatiale, en mettant les choses l'une à côté de l'autre.”

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    Le commentaire de Claudia n'est parfois qu'une longue poursuite, au sens où les éclairagistes acceptent ce mot : le projecteur se déplace en même temps que le personnage : l'autrice, Colombienne parfaitement francophone, tente désespérément de rafistoler, l'une sur l'autre, deux pièces de raisonnement difficilement compatibles : la naissance du “n consonantique”, autant dire prononcé “a”, serait, ainsi, carrément prise pour une revanche du linguiste de Saussure, par une intronisation, enfin, au monde des adultes. S'ensuivent de passionnantes comparaisons traductologues de l'Agamemnon, où de Saussure enfoncerait de loin, paraît-il, Mnouchkine, Bonnard et Mazon réunis, excusez du peu. La philologie fut mon plus passionnant cauchemar.

    Le “n” consonantique ne peut passionner que des philologues hautement spécialisés, qualité que noms ne dénions pas au Genevois Saussure. La non moins audacieuse Colombienne, tâchant de tisser des liens entre la construction méthodique de son héros avec les traumas psychanalytiques, nous évoque la mort de sa “mère phallique”, mais quelle mère ne l'est pas, en rapport avec la figure de Clytemnestre, “épouse infidèle”, "maman dégueulasse" ? J'y reviendrai en détail dans un tome ultérieur : je m'en garderai bien, Claudia: car la vie est courte, et votre livre touffu me bouffe le temps. Même si pour m'allécher vous alléguez “les anagrammes”, car la psychanalyse fait feu de tout bois. . En vérité, votre inépuisable exhaustivité m'épuise, justement, et votre gigantesque délire érudit m'hirigoyenne sérieusement. Récapitulons maintenant les limites de l'époque parentale qu'on tente ici de saisir – voilà ; rien de mieux qu'une belle récapitulation, d'autant que je me suis épargné le premier tome de votre somme assommoir :

    En 1878-1882, Ferdinand est en pleine bataille, exploratrice et conquérante, à la recherche de l'identification avec une image de père idéal, qui aura eu un avatar négatif dans la figure de l'abominable plagiaire allemand, image qui l'accompagne pendant deux petites décennies. C'est ainsi qu'un personnage que nos préjugés considèreraient volontiers comme un universitaire sec et cassant se voit pourvu d'une vie émotionnelle aussi trépidante que celle d'un mousquetaire. Pourquoi pas. Mais à partir de 1894-1896, nous trouvons un Ferdinand plus apaisé, publiant ses découvertes, donnant son nom à une loi phonétique et travaillant les relations triangulaires avec une aisance signifiante. On peut donc se passionner pour les origines du langage, comme pour celles de l'inconscient (c'est la parenté qui unit Saussure et Freud), les deux étant fort proches, puisque la pensée, selon Jacques Lacan, ne passe que par le langage.

    Maintenant que l'on a posé la différence de ces deux “Ferdinands” (Señora, les noms propres n'ont pas de pluriel en français, à moins qu'il ne s'agisse de dynasties), il s'agit d'envisager leurs ressemblances afin de comprendre comment le deuxième a pu succéder au premier. Car vous vous y intéressez, à votre Ferdinand, comme si vous étiez sa mère phallique. Comme les poux dans la perruque de Voltaire, vous vous nourrissez du suc du grand homme faute de véritable enthousiasme en vous-même, et jouissez de l'orgasme d'autrui. Nous vous envions cette faculté, ce don de transposition : on peut le faire en suivant à la trace – en suivant à la trace ! - le devenir de la construction de la paternité psychique et intellectuelle de Saussure qui se situe justement entre ces deux “étapes” qui se recouvrirent, bien sûr, progressivement. Notre héros devient père, à son tour. C'est un grand garçon, un grand découvreur. Ses dents ont trouvé où s'exercer, il s'est bien fortifié la mandibule. Et nous autres, en plein été, glosons des glosateurs. Ô combien de gloseurs, combien de glosatrices / Qui sont partis joyeux en quête de matrices... et ne sont jamais revenus ! “Construction qui a été por le moins mouvementée”. Si si, nous le jurons, ses tourments furent terribles ! Si vous imaginiez seulement les supplices, les travaux herculéens, les obstacles démesurés, les éclatants triomphes qui forgèrent les étincelantes armes de notre génie de Genève ! Combien de larmes ne dit-il pas ravaler, combien de piques dut-il déterrer de sa chair !

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    ...Et ce n'est pas fini ! Ce vaste et touffu volume m'offre encore et toujours des sujets de réflexion : par exemple, l'impossibilité de déterminer scientifiquement si les maladies mentales, ou même leur terrain, sont héréditaires. On fait jouer les statistiques, de même que pour les prédictions météorologiques à long terme, ou la fréquence des séismes : mais les pronostics en ces matières (nous y joindrons l'astrologie économique) n'obéissent pas à des règles scientifiques. L'autrice de Colombie nous remet donc en tête; avec obstination, la liberté des premières recherches de Freud : la méthode de ce dernier n'était, elle non plus, ni scientifique ni prédictive. Elle était aventureuse, comme tout esprit humain, lequel reste libre et imprévisible, échappant à toute statistique.