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Nimier, "Les enfants tristes"

 

 

Les enfants tristes de Roger Nimier deviennent très vite de grands enfants de plus de vingt ans, qui traînent leur fric et leur bourgeoisie dans les boîtes. Ils ne donnent pas dans l'existentialisme, ne se droguent ni ne s'alcoolisent. Ils sortent entre eux, couchaillent, philosophent et s'ennuient en dépensant. Ils sont beaux, alanguis, superficiels et désespérés. Face à eux, de plus vieux, des adultes ventripotents, des vieilles fardées, spurs d'eux, industriels, sans régérence à la guerre qui s'est achevée. Représente principalement tout cela Olivier, qui se paye la tête de son gros père et de sa mère volage. Olivier ! On songe tout de suite aux Faux monnayeurs et avec raison. La patte gidienne est ici indéniable, comme la patte de bien d'autres.

 

Toutes les œuvres de Nimier sont des œuvres de jeunesse puisqu'il est mort à 37 ans d'un accident de voiture, et ma foi c'est une découverte, concernant le premier des "Hussards". La patte gidienne se retrouve dans la lourdeur – curieuse alliance d'idées – permettant de souligner le regard extérieur de l'écrivain sur ses personnages ; il commente surabondamment leurs faits et gestes. À ce point de vue l'on peut dire que c'est un roman psychologique donc dépassé. On me permettra de n'en rien penser. Je veux couvrir ce livre de fleurs et déjà les bras m'en tombent. Dois-je vivre longtemps encore ? Olivier ne se suicide-t-il pas à la fin du roman, juste après son mariage ? Ô pitoyables morceaux d'humanité !

 

 

 

Pauvres riches et pauvre jazz ! Pauvre femme trop jeune pour son bedonnant! Pauvre ventru bourré de certitudes inquiétantes ! Bien caricaturé, celui-là : règlement de comptes de Nimier avec son père ? Fait-on de la littérature avec des règlements de comptes ? Pourquoi toujours les jeunes qui souffrent et meurent ? Pourquoi tant de vide, pourquoi ne s'aperçoit-on pas de ses amours ? Pourquoi est-il si tôt trop tard ?

 

 

 

/ Lecture de la p. 47 /

 

 

 

C'est brouillon non ? C'est le cerveau d'un sexagénaire qui se décompose et pense, car penser, se décomposer, sont une seule et même chose. Ô combien de neurones, combien de synapses, "qui sont partis joyeux..." - le père Thibault de Roger Martin du Gard est passé par là. Celui de notre héros épouse uneMalentraide, au nom soigneusement choisi par l'auteur, déjà pourvue d'un grand fils, Olivier. Les rapports sont tendus entre fils et beau-père... Comprenez-vous mieux ? Le cas s'est-il présenté pour vous ? Peut-on prendre pitié des jeunes gens pâles comme des asperges et qui se confectionnent des cocktails ? Avez-vous entendu parler de Boris Vian ? Les références se bousculent au bout de ma plume frottée de Faculté. Mais qui était Roger Nimier ?

 

 

 

/ Lecture de la p. 94 /

 

 

 

Tiens, je n'en avais pas parlé, de celui-là ! Raoul, le demi-frère, le demi-double, aussi bouquinier que l'autre mais sur le bouquinisme duquel on insiste davantage. Autre enfant triste affligé d'un père vivant, se puant à lui-même de sa ressemblance, gauche, ingrat de manières et de physique. "Tiens-toi tranquille et lis" : oh oui ! oh oui ! que certains connaissent ! et balourd avec ça, toujours embarrassé, peine à jouir, ce n'est pas dit, mais peine à aimer ô combien. Il y en a pour tous les goûts, et vous aussi pouvez vous reconnaître en ce liseux, si Olivier le trop flambant vous semble loin de vous. Âme éparse de Nimier, rassemblement ! Sonnerie...

 

 

 

/ Lecture de la p. 141 /

 

 

 

Olivier vs le beau-père. Match feutré. À Olivier l'avantage, par son ton courtois, ses manières félines. Rien de plus exaspérant que la distinction pour les balourds beaux-pères automatiquement coupables. Dès que vous justifiez, que vous cherchez à vous donner raison, avez-vous observé combien sur-le-champ tort vous avez. Quelle saveur dans l'altercation...

 

 

 

/ Lecture de la p. 188 /

 

 

 

...A quoi servent tant de lectures, si j'ai oublié Didier ? Non point Tessa cependant, sur qui s'abat de surcroît ce réseau de mailles qui fera plus tard d'elle une femme. Tessa calcule ses provocations. Tessa, canadienne, est présentée tout en coups de pattes, légère autant que les autres, prenant la vie et ses queues dissimulées – "le ballet des queues tout autour de ses hanches" – la vie comme elle vient, et cette absence de questions est un questionnement plus fort encore : enfant triste... Ce sont les yeux de Nimier qui sont tristes, voir photo. (Audition de musique) - / Lecture de la p. 235 / :

 

Olivier s'en va-t-en guerre. Il devient héros, s'entraîne à l'aviation aux Etats-Unis, ne les requitte plus jusqu'à la paix : est-ce bien raisonnable ? est-ce bien vraisemblable ? Et de parler, de parler, de s'expliquer ! Non monsieur, pas de longueurs chez Nimier, un simple entraînement de jeunesse, on se demande comment tout cela va finir, puisque c'est la vie qui vous brasse n'est-ce pas, un grand sentiment d'irresponsabilité, même en guerre. C'est le cerveau, l'ennemi, le soi, ne se remplir que d'évènements, de commentaires à extérioriser à tout venant, à tout confident, à tout lecteur, à tout pique. Je n'y crois pas : héros ? Qu'importe...

 

 

 

(A suivre)

 

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