Proullaud296

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De l'amour

 

Nils est « gentil » : que signifie ce mot ? « noble » à l'origine ; « niaiseux » de nos jours. Il se passionne pour l'histoire. Et boit très peu – bien la peine de jouer les martyrs ! pourtant je prends son Nils en pitié. (« Ne jamais parler de l' « autre » m'a dit Lazare ; et moi je montre la photo de ma femme, la vraie, ce portrait d'identité fourré dans mon portefeuille !). Kohanim chéli veut m'exhiber ses pinçons sur la joue, « Regarde, là, regarde ! » - les traces ont disparu - quelle malchance ! Et si tout était inventé ? Si j'avais deviné toutes les affabulations, et qu'elle ne voulût plus me revoir, comme il arrive aux affabulateurs une fois sévèrement démasqués ? une fois qu'ils ont « perdu la face » ? de même Lazare n'était-il plus qu'un tout petit trou du cul, après dévoilement de toutes ses manigances... selon sa femme...

 

Mensonges, mensonges ! Nager là-dedans, y vivre !. « Vivre, c'est mentir » (Dostoïevski) involontaires, bien sûr, les mensonges ; la mauvaise foi. Rien à voir avec l'autre, le méchant, le bon gros mensonge manipulateur énorme...

 

 

 

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Allongés sur l'herbe, nos corps à angle droit, les portières ouvertes délimitant au-dessus du sol un carré de couverture rouge au ras des pneus - « je ne veux plus souffrir », dit-elle. Qui renonce à souffrir, renonce à aimer. J'écris mais ne poste pas (« mon fils Brice ouvre le courrier ! ») : « Jamais je n'ai trouvé chez d'autres ta lucidité, ton scalpel ; aujourd'hui je comprends – je pressens. » Aucun reproche dans ta bouche - nous nous dessécherons, tomberons l'un de l'autre par simple décision. Si tu pars ne me méprise pas, comme pour ceux d'avant. » Puis le temps du froid, sans nouvelles. Préparation de la dose.JPG

 

 

 

 

La mécanique informatique ayant rompu la relation, quatre nuits de panne et nous voici éliminés, abandonnés du monde et de ses prothèses ; Kohanim ne me croit pas, je ne crois plus non plus.

 

 

 

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Revient sans cesse en cause la coutume, inversée, des îles Malinovski : « On ne fait l'amour qu'avec celui dont on partage les repas ». Or les Trobriandais répètent : « Baiser dans les buissons, tant qu'ils veulent ; mais ne jamais manger ensemble, si l'on n'est pas dûment mariés » - tabounon sexuel, mais alimentaire.

 

J'ignore quels sangs se mêlent dans ses veines. Pour moi je viens de Louis le Pieux : frontalier de Lothaire, et de Lotharingie.

 

 

 

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« Si ton mari ne sait pas que tu le trompes, tu ne causes aucun tort. » Et autres arguments. « Il faut que nous arrêtions. Je fais quelque chose de mal » - « Je t'aime trop, je te quitte. » Cela n'existe pas que dans les livres. Elle a pensé se faire prendre au mot, abandonner. La litanie, l'antienne, le radotage, prétendent tout rehausser aux dimensions atemporelles : ni début, ni milieu, ni fin ; tout aura existé de toute éternité. Amour cyclique, carrément... Par cette quadrature du cercle je cherche à me dégager de tout libre-arbitre. Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent ? à d'autres, Victor. Mes imaginations m'ont bercé, ou exalté,sans que j'aie rien fait pour que quoi que ce soit se matérialise : « immaturité », disent-ils.

 

Regarder Kohanim, m'enivrer d'amour et de cendre, gémir, infantile - tout dans le bec sans rien bouger - conserver l'épouse et la maison d'adulte, jusqu'à l'avènement du temps ? ...réfléchissons : si je m'imagine, en même temps, que les autres sont responsables du mal qu'ils me font ? deux poids deux mesures ? pourtant j'ai bien le sentiment d'avoir construit cet amour de toutes pièces, de tout mon vouloir. Je me félicitais de cette volonté, même funeste. Une femme sensible à mon corps dès le premier instant où je la touche, comment pouvais-je imaginer cela. Son plaisir à présent - est-ce un acte médical ? un pas gymnastique ? «Mettre l'amour au pas » : l'homme ne « fait » pas jouir la femme. Qu'il ne tombe pas dans le piège où se précipitaient les Américaines des sixties, qui balançaient leurs lourds regards fardés sur les hommes au-dessous d'elles « si celui-ci me rate, quel con ! (« loque », « ordure »)» - mais c'est la structure même de chacune, et son expérience propre, qui feront qu'elle jouisse ou non - homme, fais tout de même ce que tu peux...

 

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