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"Ethnos" : "peuple", et "race"

 

Mon laborieux ami Désiré, je veux dire dont j'ai si laborieusement construit l'amitié, partant un jour pour Athènes, m'en rapporta jadis à ma demande ces trois volumes en grec, traitant du Peuple grec : Historia tou hellinikou ethnous.Je fis semblant de pouvoir lire directement la langue démotique, et ne consultai le dictionnaire qu'une fois par page, puis, une fois par phrase. A présent, je vais consulter chaque mot inconnu, de façon à n'aborder la phrase suivante que si et seulement si j'ai compris la phrase précédente. Faute de quoi je me condamne à n'avoir que des vues superficielles : je sais de quoi il est question, mais je ne saurais rien de plus précis.

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Il m'avait semblé cependant que ces textes s'enlisaient souvent dans la répétition, la tautologie, et autres pléonasmes : on y parlait de « développement », de « signes », d' « économie », de « politique ». Et j'avais appris que le mot « ethnos », en grec, signifiait indistinctement « le peuple » ou « la race » - riche sujet à confusions plus ou moins nauséabondes. Alors voilà. Nous en sommes une fois de plus, p. 167 du premier tome depuis 83 (n.s. 30) à des considérations fumeuses sur la prodigieuse expansion (exélixis, nous vous épargnons les lettres grecques) de la civilisation minoenne : « c'est là ce qui a concouru au développement qui s'est réalisé dans les deux périodes dont nous parlions, la Pré-palatiale et la Proto-palatiale. » Au sens de « palais princier ».

 

Il nous semble avoir lu cela plus de vingt fois. Il semble que cette archaïque assemblée de grand ponte, incapable de se mettre d'accord sur des périodes aussi éloignées, dont la documention reste fragmentaire, et que ses membres tournent tous autour du pot des certitudes, en multipliant les précautions oratoires et les restrictions. « On dirait encore que les grandes calamités, qui se sont déclenchées dans une seule des îles , non seulement n'ont pas empêché l'avènement du progrès vers le politique, mais l'ont au contraire exporté et pratiquement transformé en expansion galopante. » Voilà une idée intéressante. Analogue à la diaspora. Les tremblements de terre à l'origine de la diffusion culturelle et politique de la Crète. « Heureusement les traités de paix internes et l'évolution favorable des rapports politiques avec l'extérieur contribuèrent à concrétiser sans appréhension ce développement, dont la caractéristique essentielle est une alliance plus complète et plus solide de l'homme avec la nature ».

 

Ma foi on ne saurait mieux dire, par amplifications adjectivales. C'est même apparemment banal, alors qu'il s'agit d'un paradoxe : les séismes ruinent, et provoquent une méfiance vis-à-vis des phénomènes naturels. Ici au contraire (quel "peuple" ! quelle "race" ! ô destinée !) l'adversité provoque une explosion favorable. « Cette propension des habitants de la Crète à développer la Civilisation Minoenne a fait voir dès le début qu'elle découlait de leur cosmologie générique. » Rien de plus ordinaire cette fois. « Et dès que la vie proprement dite a imposé aux Crétois minoens de vivre en harmonie avec la nature, il était naturel qu'ils sentissent la présence de dieux agissants pour cette contrainte physique. » On pourrait en effet affirmer cela sans grand risque d'erreur pour bon nombre de peuples...

 

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