Moyen Âge par-dessous la jambe
Notre père aimait ces époques où rien n'incitait à réfléchir, où « penser » se disait « prier », à moins qu'on ne fût théologien, étroitement surveillé par les confrères et par le Papa. L'univers et les hommes étaient moins désespérés. « Louis, qui s'échappait avec la vie sauve, ne se tint pas pour battu. » Résolution inapplicable. Tout était neuf ! Comment faisait-on pour vivre en un temps où n'existait pas la notion de progrès ? Ces époques ont été beaucoup plus nombreuses dans l'Histoire.
Peut-être viendra-t-il un temps où rien ne changera durant des générations et des siècles, par suspension de la progression. « Il revint muni des machines de guerre ». Qu'est-ce qui le poussait à ce faire ? Montrer qu'il était le roi, et, par là, respectable ? Dérouiller son corps pas encore embarrassé ? Il était loyal et fort, bien plus estimé que son père : «La plus perfectionnée était une tour roulante à deux étages, dont le second dominait les remparts ». Difficile de prévoir si tout cela s'écroulera dans les flammes, ce qui est prévisible cependant. Rien n'avait beaucoup changé depuis les Romains. S'en imaginait-on les continuateurs ?
Le monde alors ne nous échappait point. Mais il appartenait aux forts. C'était net. De nos jours nos démocrates se déclarent frustrés dans leur fibre égalitaire. On s'affrontait, physiquement. Peut-être ce temps reviendra-t-il. La ruse redeviendra à la portée de tous. « Elle comportait un pont de bois qui pouvait s'abattre et permettre aux attaquants de pénétrer sur le chemin de ronde. » Rien de bien neuf depuis la Première guerre Punique, où des « corbeaux » (corvi) accrochaient les bateaux l'un à l'autre, permettant de combattre sur mer comme si c'était la terre. Du grand artisanat en vérité. La suite est très « bande dessinée » : « A cette vue, les assiégés hérissèrent celui-ci de pieux et de pièces de bois formant des saillies très aiguës, sur lesquelles les assaillants avaient toute chance de s'empaler. » C'est bien autre chose que ces combats à l'arme à feu, qui ont dépoétisé toutes les actions de guerre : « De quoi vraiment intimider le roi Louis et le dissuader d'un assaut général. » Notre biographe ici s'attaque aux faits du Dauphin : que faisait Philippe 1er ? ne s'occupait-il encore que de ses plaisirs et autres démêlés d'évêques tandis que son fiils guerroyait pour l'autorité royale ? « Pendant ce temps, sur les arrières, Gui de Rochefort, père du châtelain, menait une double action ».
Pour les précisions, rien de tel qu'un compte-rendu moderne. Cependant, bien loin de là, Foulques d'Anjou, sur d'autres terres, s'est reconnu vassal d'Henri Ier Beauclerc pour le comté du Mans. Répétons-nous que ces XXIIe et XXIIIe siècles dont nous sommes si fiers et si férus, recueillant fébrilement leurs moindres soubresauts dans nos annales, seront un jour largement aussi oubliés que les onze ou douzièmes, dont on ne se sert plus que pour les cathédrales. C'était un serment illégitime. Toutes nos lois bientôt connaîtront le même sort que ces scrupules médiévaux mystico-hiérarchiques. Il n'y aura plus ni pères ni mères ni enfants reconnus ou élevés par tels ou tels, et les bites impuissantes ne serviront plus que pour produire du jus, mollement branlées comme verges taurines. Les actes sexuels seront solitaires ou voyeurs, les jouissances cérébrales se seront substituées aux vulgaires étreintes éjaculatoires que ces dames jugent si répugnantes. Alors, les serments illégitimes... car si Herbert II, comte du Mans, avait reconnu Guillaume le Bâtard (le Conquérant) comme son héritier, son fief en demeurait cependant mouvant de la couronne de France. D'où je conclus que Foulques d'Anjou descend directement dudit Guillaume, lequel est devenu roi d'Angleterre, puis mort. Mais s'il descend de son héritier, alors je suis complètement con.
Commentaires
Allez, du courage, on déchiffre, on défriche !