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Louis VI le Gros

 

Train. Piétiné mes lunettes. Déchéance ? Ne puis romancer mes amours. Me rattrape sur les princières. Gobry rédige (ou fait rédiger) Louis VI le Gros, souverain des Visiteurs, mort en 1138. Mais il ne règne pas encore. Il est co-régnant, égal en droit au roi de France. Les ennemis sont nombreux et proches. « Hugues de Crécy […] possédait, entre autres châteaux, celui de Gournay-sur-Marne, entre Paris et son domaine de Pomponne. » Ces localités excèdent à peine aujourd'hui l'étendue de la banlieue. Les généalogies figurent en fin de volume, pas les cartes : celles-ci se retrouvent chez Suger. «Il aimait à séjourner dans celui-là [Gournay] pour y pratiquer ses talents de pirate » : c'était le bon temps pour les forts, et certains ne pourront s'empêcher de regretter ces temps de l'arbitraire physique des brutes.

 

Pas les gringalets. « Il arrêtait les bateaux chargés de marchandises qui descendaient la rivière vers Paris, les vidait et entreposait ses rapines dans sa demeure. » Ce règne des forts par les armes existe encore, largement représenté par la mafia : il suffit d'une arme, et l'on n'y vit pas vieux. Mais cette nostalgie du fauve constitue le seul horizon valable. Cependant, les fauves entre eux obéissent à plus de règles que les mafieux. Un roi s'est donc toujours très tôt imposé, du moins proposé, pour que règne l'équité, du moins son semblant, son symbole. Et les vaincus se soumettaient, rongeant leur frein dans les grondements. La religion enveloppait le tout, permettant de dégager en touche, vers le haut : ainsi Bertrade de Montfort se fit-elle moniale, renonçant à son rôle de Jézabel. « Mais il ne s'en tenait pas au pillage fluvial », terme plus juste en effet que piratage. « Il aimait aussi rançonner les voyageurs qui empruntaient la route », chose commune depuis Procuste, et jusqu'en Chine. Esquisse.JPG

 

Alors le Chevalier est arrivé. Mais « en cette année 1107 », que nous retrouverons dans 94 ans de l'ancien style, « il apprit que des marchands de chevaux transitaient sur son territoire : aubaine inespérée ». Ce sont les voitures d'aujourd'hui, où l'on se remet aux attaques de diligence. Le témoin descendu de son train manifestait son dédain pour les agresseurs, mais sous son tartinage de mépris, le téléspectateur pouvait très bien lire la peur panique. « Avec ses hommes d'arme, il investit le convoi et s'empara du troupeau », car les chevaux aussi forment un troupeau. Ceux qui vont proférant devraient plus lire de l'Histoire ; ils verraient à quel point tout se répète, et combien peu la somme de nos histoires à nous diffère de la vie des animaux, s'iils savaient écrire : il leur suffirait de noter jour après jour les fluctuations du temps, Wetter, pour chroniquer le temps, Zeit. « Mais Louis, qui surveillait maintenant le personnage, fut aussitôt averti : il réunit son ost, COLLIGNON « LECTURES »

 

GOBRY « LOUIS VI LE GROS » 60 02 04 51

 

 

 

 

 

 

 

inemployé depuis trois ans, et il alla assiéger le château de Gournay » : bien vu l'artiste. Ce qui semble montrer que ce personnage n'était pas, auparavant, surveillé. Il appartenait pourtant à la famille qui lui avait fourni sa fiancée, laquelle s'étaient vu écarter pour mésalliance : le roi ne faisait pas ce qu'il voulait ! S'il favorisait une catégorie de nobles, l'autre le trouvait indécent, voire contraire aux intérêts du royaume ! « Expédition quelque peu précipitée, car,n'ayant pas traîné jusque là les engins et les machines de guerre, il tenta d'emporter la place d'assaut en passant par la Marne. » Carrément.

 

Il avait le tempérament bouillant. Louis VI avait réinstallé en son château tel seigneur injuste que ses vassaux avaient chassé, s'imaginant faire bonne justice ! On l'appelait « le Batailleur ». Il gardait le teint pâle après sa tentative d'empoisonnement. « Tandis qu'un certain nombre de ses hommes d'armes, laissant leurs armures sur la berge » et non pas sur la verge « se jetaient dans le courant à la nage, lui-même le franchissait à cheval sous les traits de l'ennemi », qui visait très mal. Détail frais et piquant : l'ambiance d'un pique-nique. On partait à la guerre comme au sport. Mourir, ne pas mourir, à la grâce de Dieu. On affrontait les flèches comme des moustiques. « Il parvint au fossé et, laissant sa monture, réussit, avec quelques chevaliers intrépides, à franchir le premier rempart. » Brumes sémantiques où reluisent par éclats telle ou telle expression militaire ou iliadique.

 

Notre roi ne dédaignait donc pas de se lancer à l'attaque personnelle. « Mais les défenseurs, plus nombreux et mieux armés, les fixèrent un moment dans l'intervalle entre les deux remparts ; puis, dans une charge vigoureuse, ils rejetèrent les assaillants dans le courant. » Il nous avait bien semblé en effet repérer quelque chose de ce genre, dans ce va-et-vient bourbeux du latin médiéval au français. Les dirigeants savaient ce que c'était qu'un épieu, un cheval, une armure. On fonçait. On assistait (ou non) à la messe. Le roi n'était pas sacralisé : les brigands le combattaient les armes à la main. Le roi aimait l'Eglise. Les ruses semblent bon enfant, les massacres, « au premier degré ».

 

Commentaires

  • "LA rivière, mais LE fleuve" : Magdane fait rire avec n'importe quoi. Nul ET sympa.

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