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Telle est ma queue

 

Parcourez à tout le moins Les Aventures de Télémaque. Vous y trouverez le style, doux comme le miel, de Fénelon. Un style où tout va bien, où les phrases coulent avec une harmonie enchanteresse et dépaysante : aussi doux que Racine, aussi harmonieusement balancé que plus tard Chateaubriand, aussi enveloppé que Proust. Et c'est tout de même du Fénelon : c'est noble, c'est tout rempli de bons sentiments, les bonnes gens sont récompensées après bien des épreuves assurément, mais les mauvais rois, cruels, libidineux, avares, subissent toujours le mauvais sort qu'ils méritent.

 

« On ne fait pas bien ce à quoi on s'applique trop », écrit Fénelon à Beauvillier en 1699. L'auteur avait voulu quelque chose de distrayant et moral à la fois, « à lo'usage du dauphin » précisément, à l'usage d'un jeune homme. Il a promené son Dauphin chez tous les peuples antiques et la pente du style, l'entraînement d'une phrase à l'autre sont parvenus à communiquer au Prince le goût de lire et de s'instruire en se distrayant. Le duc de Bourgogne avait un excellent naturel, très porté à l'étude. Il ne fallait pas l'effaroucher non plus par un ouvrage trop austère. En ce temps-là, mes chers rappeurs, lire et s'instruire étaient des distractions.

 

Vous n'aurez donc besoin que d'acheter le Télémaque chez Garnier-Flammarion, sans avoir recours à la monumentale édition « Fénelon, François de Salignac de la Mothe-Fénelon archevêque de Cambrai – 35 vol. in 8°, Versailles-Paris 1820 – 1830... » Et maintenant, c'est l'heure de nos échantillons, fort utiles en temps louis-quatorzièmes :

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« Les bons attendent qu'on les cherche, et les princes ne savant guère aller les chercher ; au contraire, les méchants sont hardis, trompeurs, empressés à s'insinuer et à plaire, adroits à dissimuler, prêts à tout faire contre l'honneur et la conscience pour contenter les passions de celui qui règne. Ô qu'un roi est malheureux d'être exposé aux artifices des méchants ! Il est perdu, s'il ne repousse la flatterie et s'il n'aime ceux qui disent hardiment la vérité. »

 

Faisons à présent parler Télémaque, l'élève après le précepteur : « J'ai cherché mon père par toutes les mers, ayant avec moi cet homme, qui était pour moi un autre père. La fortune, pour comble de maux, me l'a enlevé ; elle l'a fait votre esclave : souffrez que je le sois aussi. S'il est vrai que vous aimiez la justice et que vous allier en Crète pour apprendre les lois du bon roi Minos, n'endurcissez point votre cœur contre mes soupirs et contre mes larmes. »

 

Télémaque et les femmes :

 

« La jalousie ne lui permit jamais de perdre de vue les deux amants : mais elle tâchait de tourner la chasse du côté où elle savait que Mentor faisait le vaisseau : elle prêtait l'oreille ; chaque coup la faisoit frémir. Mais, dans le moment même, elle craignoit que cette rêverie ne lui eût dérobé quelque signe ou quelque coup d'œil de Télémaque à la jeune nymphe. »

 

Ce n'est pas beau, la jalousie.

 

Au cours de tant de voyages, parfois, l'on se reconnnaît après s'être tant d'années perdus de vue :

 

« Pendant qu'Idoménée disait ces paroles, il regardait fixement Mentor, comme un homme dont le visage ne lui était pas inconnu, mais dont il ne pouvait retrouver le nom. »

 

Quelques conseils sur le courage :

 

«La valeur emportée n'a rien de sûr : celui qui ne se possède point dans les dangers est plutôt fougueux que brave ; il a besoin d'être hors de lui pour se mettre au-dessus de la crainte, parce qu'il ne peut la surmonter par la situation naturelle de son cœur. En cet état, s'il ne fuit pas, du moins il se trouble ; il perd la liberté de son esprit, qui lui seroit nécessaire pour donner de bons ordres, pour profiter des occasions, pour renverser les ennemis, et pour servir s apatrie. S'il a toute l'ardeur d'un soldat; il n'a point le discernement d'un capitaine. « 

 

« Hégésippe lui répondit :

 

    • Ce n'est point une disgrâce ; au contraire, c'est la faveur des dieux qui me mène ici. »

 

« Cf. Iliade, XVIII et Enéide, VIII. »

 

- tels sont en effet les illustres et infaillibles modèles dont s'est constamment inspiré Fénelon pour son œuvre Les Aventures de Télémaque. Soyez donc vivement invités à y jeter quelques coups d'œil, et, si vous en êtes appâtés, à le lire in extenso. Vous y trouverez des difficultés, mais la récompense est au bout. Amen.

 

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