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FEDORA (L'INTRUSIF)

TEXTES ALTERNÉS FEDORA – L’INTRUSIF (DJANEM)

 

 

DÉFINITIFS

Je pars des textes écrits et j’améliore au maximum.

67 07 24

 

chercher “recalé” p.10

Tous mes documents disparaissent au fur et à mesure...

 

 

F I – FEDORA

MISE EN PLACE

F. I : Trois générations. « Il y aura le présent, le passé et l'avenir ». Caractéristiques des principaux personnages. Ma femme s'appelle Arielle. Olegario vient chez Vera. Olegario se cache de toutes les polices.

Trois générations féminines, la grand-mère Fedora, Léna la mère, sa fille Lydia ; la plus âgée, après avoir dûment concassé sa fille Léna, entreprend donc, dans l’ordre chronologique, de broyer Lydia, sa petite-fille. Notre héros, Petit-Keller, parviendra-t-il à sauver cette dernière, ou bien, sera-t-il irréparablement nuisible ?

Olegario sera l'amant de Fedora ; Lena fille de cette même Fedora. Et moi, Petit-Keller, d’intervention tardive, je serai moi. Trois générations, grand-mère, mère et petite- fille : Fedora, Léna, Cyntia, sept ans. Léna, infirmière, n'a pas de partenaire constant. Ce lui serait insupportable. Elle précise, cependant : “J’ai eu des rapports !”

 

Fedora, plus âgée, forme avec Olegario un couple orageux, tortueux ; Cynthia, en bout de chaîne et sa petite-fille, restera solitaire en dépit des avances d'un prétendant parisien. Il n’y aura dans ce tableau mouvant ni présent, ni passé, ni avenir.

 

L’épouse du narrateur se prénomme Arielle. Arielle Petit-Keller. Léna, infirmière, fille de Fédora, et ladite épouse, se ressemblent : tantôt fébriles, tantôt léthargiques. Olegario et l’aïeule Fedora, jadis jeunes, se sont rencontrés lorsque ce dernier, sur trois planches et sa guitare, chantait ses virils poèmes : « Viens chez moi » lui dit Fédora (la mante déguste sur son terrain). Chez Fedora se trouve déjà donc Léna sa fille, toute jeune en ce temps-là, de ce fleuve non loin duquel Vladimir Ilitch fut déporté. Désormais l'homme est dans la place. L’infirmière en herbe Léna, branleuse de quinze ans, suscite la lubricité d’Olegario, fort tenté par le coup double. Cet Argentin (il est argentin) n'a rien du tanguero gominé : il fut naguère indicateur à Buenos-Ayres, et ne dut son salut qu'à sa fuite en Europe, mais ce sont là d’ignobles ragots. .

 

D. 1 DJANEM

 

AVANT-PROPOS NARRATIF

 

Voici comment tout a commencé. Mon vieil ami Lazarus m'a vivement recommandé pour dispenser à Djanem des cours particulier. Il m'a mené chez elle par une courte rue dérobée. Il nous a présentés l'un à l'autre en baissant les yeux. Elle et moi nous sommes vouvoyés, convenant du prix et des horaires. Il s'agissait, en avril mais trop tard, d’affiner la préparation à l'oral du CAPES. La première leçon s’est tenue au salon, sous un très plafond.

Elle a disposé sur la table certains documents à consulter chez moi. Elle portait un tailleur bleu modeste, sans rien souligner de la gorge ou des hanches. Elle me parut, de prime abord, portugaise. La France est le seul pays où l'on te demande, avant tout, de quel pays tu es venu. Aussi n’ai-je rien demandé. Ce jour-là je lui ai déballé le grand jeu : collaboration à égalité, sans rapport formel maître-étudiante.

Elle répond avec franchise : « J'ai repris mes études à partir de la 3e, jusqu'au niveau de la licence et du CAPES, où je compte me présenter ». Très vite les leçons se tiennent dans la cuisine, où survient parfois le conjoint sous un prétexte ou l'autre, souriant. Je me souviens d'avoir fait lire à Djanem, alors que j'officiais encore au salon, une œuvre épique, afin de la préparer à l’explication de texte. Je l'ai formellement prévenue : tout candidat qui se contente à l’oral de lire ce qu'il a écrit écope invariablement de la note 5, quelle que soit la valeur de son commentaire. Je dominais la ligne nette de sa raie capillaire, et lorsqu'elle a levé les yeux elle a surpris sur mon visage, me dit-elle, unes expression de tendresse que je réserve à mes lycéennes. La voix neutre de Djanem évoque le son de l'ocarina.

De son côté Lazarus me recevait, dans sa maison d’édition de rondins, pour corriger ce qu'il éditait. J'occupais alors un petit bureau devant le jardin, repoussant parfois le volet de bois qui rebondissait souplement sur l’épaisse toison de vigne vierge . Et polissant les textes ou préparant mes cours , je rêvais à Djanem en répétant son nom pour l’aimer : On n'aime point, Seigneur, si l'on ne veut aimer. Les leçons coûtaient cher. Quand je voulus monter leur prix à 22€, Djanem proposa un arrangement à 100€ par mois, ce qui rabaissait mon prix à 12€ de l'heure. Elle s'en excusa confusément par courriel, où elle me tutoya, sous prétexte d’usage informatique. Nous avions commencé à nous écrire. Elle me rassurait, affirmant que mes cours débordaient d'enthousiasme et de sincérité, ce qui flattait ma modestie… Je me bornais pourtant à la stricte application des méthodes assimilées entre 18 et 20 ans : ce que l'on appelait alors « lecture expliquée ». En dépit des sottises ministérielles, j’en étais resté à mes premières directives pour étudiants. Mes classes me jugeaient désordonné, certes, mais combien plus profond que ces honorables échassières qui dispensaient, faute d'enseigner les maths, leurs platitudes réglementaires.

Djanem, quelles que soient ses origines, avait bien failli me dire « Laissons là nos leçons, car je crois bien devenir amoureuse de vous. » C'est bien ainsi que je concevais toutes mes leçons : car le cours n'entre pas dans l'élève s'il ne se sent pas profondément aimé. Cet amour prend hélas avec elle, et je ne m’en avise qu’à présent, tous les aspects d’une révoltante condescendance, étendue à l’ensemble de mes relations humaines, à moins que je ne sois carpette ou paillasson : bipolarité dévastatrice.

Il s'avéra que mes tarifs ne pouvait être supportés par un budget modeste. Djanem tenait la caisse d'un magasin de tissus exotiques. Nous ne nous étions plus revus, le conjoint Nils m'avait aimablement raccompagné jusqu'à la porte, 45 ans bien sonnés -
rougeaud, ventru, rouquin.

Djanem et moi nous sommes donné rendez-vous à la terrasse de La Flèche, au pied de la tour St-Michel, dont le quartier alors grouillait d'Espagnols et de Mahrébins, que je considérais avec condescendance, voir plus haut. Elle me confia, me vouvoyant de vive voix, ses déboires conjugaux. Son premier mari, Turgond, l'avait trompée dès sa grossesse, qui avorta en fausse couche.

Il avait un jour aussi jeté un chaton vivant sur l’autoroute. Dix ans à se débarrasser de ce mari, les liens névrotiques étant les plus malaisés à distendre : « Je ne sais pas ce qui me prend de vous raconter tout ça », et pour la première et dernière fois nous sommes allés ensemble au cinéma, au sortir duquel nous nous sommes, cette fois, tutoyés. C'était une comédie policière, au cœur des Pyrénées, avec Arditi, Dussolier, et l'inévitable Azéma.

Mais nous n’avons pas suivi l'intrigue. Dans l'ombre nos mains et nos bras parlaient pour nous. Ainsi donc je faisais connaissance, à 63 ans sonnés, de ce que j'avais si fort envié à Mussidan, lorsque mes prétendus camarades me laissaient entendre qu'ils avaient « flirté » tout le film (ou qu'ils étaient « allés aux fraises » dans les buissons du bord de l'Isle, en Dordogne) - en entier ?... - non, seulementavec les doigts, tu penses… À présent je suis grand, je « flirte au cinéma ».

C'était donc là cet infini que tout le monde connaissait, en se foutant de ma gueule. Ensuite, il m'est difficile d'établir une chronologie, car je ne notais rien du tout, crainte d'y voir traîner dans les marges les commentaires reptiliens de mon épouse. Je devenais inexact, réclamant des libertés inhabituelles dans ma vie jusqu'alors si réglé. C'est ainsi que l'histoire ne peut trouver ici la moindre précision chronologique. Il me faut tout raconter d'un coup, superposer, surimprimer. Ainsi se retrouve l’état des souvenirs d’avant, lorsqu’ils n’étaient pas encore classés dans l’ordre, « dans la pureté de l’enfance » disent les écrivains.

 

L'amour dure trois ans. Trois mois pour le plus chaud. Mon procédé d'exaltation consistait à déverser dans l'oreille de l'aimée les paroles d'amour les plus enflammées, auxquelles je croyais, le temps de les dire, et sur le chemin du retour.

 

 

F. II : L'Argentin chauffe la fille Léna sitôt qu'elle est seule. Hernandez raccompagne Fedora. « Tous les voisins le voient ».

FFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFFF

 

D. 53

  1. Et que m’importe d’être ton ami ? (“camarade”,copain de régiment”) - oubli, déni que nous soyons femme et homme - quel intérêt à des relations sans drame, ni chair ni pique, sans inquiétude ou incertitude ? Nous nous recroiserions un jour salut ça va  pas mal et toi ? Cest pourquoi je m’écarte le plus possible des humais mes frères. Plus tard j’apprends que l’amitié s’accommode très bien de l’amour physique - ...si j’avais su ! si j’avais su !

    X

     

Même au fond d’elle j’ai peur. Pour la première fois de ma vie une femme montée sur moi me dit les yeux dans les yeux même en moi tu as peur des femmes se reprenant ...de moi je complète de ne pas être à la hauteur, de sentir démasqué l’impossible échafaudage au sommet duquel j’ai perché mon amour. Nous ne l’avons plus refait depuis.

. Les femmes n’aiment pas la baise. Enfin si. Je serai déchiffré. Recalé d’amour. Le masque est plus vrai que l’homme.

 

 

 

 

OOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOO

D. 20 :

Je ne peux jouir qu'après Lazare ? Djanem, si tu retournes à cet homme, je te pourrirai la vie. Te-Anaa est un homme, et ma Vieille Maîtresse façon Barbey. Rudi, son amant actuel, se montre fragile et prévenant. Je n'ai été "ni le premier, ni le dernier" : ma foi si. Défense de porter son écharpe et sa cicatrice.

 

D. 21 : Mon père et le rouleau de la machine à écrire. Ma justification de voyeurisme devant Fleur-de-Pipe. Lazare est à goche ; "des logements pour les Roms !"

 

 

 

D.22 : Trois mois pas plus pour un amour. Le harnachement grotesque de C. F.

 

D. 23 : “Tu ne connais rien aux femmes, rien aux hommes, rien à la vie”. Lazare et moi nous séparons comme un fleuve à la fourche d'un delta. Le colonel à table. . Celle du baigneur : il faut agir. La connerie de mon choix conjugal. Mon ingratitude humaine.

 

D. 24 : Fausse piste de la Salvadorienne. Je ne ris qu'avec toi. La fiancée de Hölderlin. La fosse à radio garnie de filins. Le coup de téléphone "pour épuiser un forfait" La peluche à grosse tête.

 

 

Femme de 40 ans égale homme de 60. La culpabilté de Djanem. Je me suis toujours pris pour un écrivain. "Ils peuvent toujours venir me chercher, avec leur Goncourt !"

 

D. 25 : J'apporte à ta caisse des pâtisseries orientales. Le temps long désert. Il suffirait queje connaisse toutes tes activités et leurs localisations. Se revoir entraînerait une telle anxiété... Aucune réflexion sur la société contemporaine. TOUT CE QUI FUT UNE FOIS DEMEURE. Tu regardes le mur, et soudain cinq ans sont passés. Nils pressent tout dans sa rusticité : "elle est amoureuse". Les femmes disciplinent leurs pulsions. Ce que l'autre souhaite n'importe pas à l'amant. Rue Hugla. Je ne peux plus désirer que cette femme. Enfin tu peux faire l'amour de femme à femme. Se refuse un an.

D. 26 A 40 ans, elles désirent comme un homme à 60. Nous aurions dû apprendre à "maîtriser nos pulsions" à travers les siècles ! Quand les femmes auront commis autant de viols que les hommes, nous pourrons parler. Lazare :"Tu as mangé ton pain blanc. Désormais l'acte sexuel me répugne." La femme distille le sperme et s'en nourrit. La beauté écrase la femme. Quand on a ce sexe-là entre les jambes, on retombe toujours sur ses pattes. La femme pousse l'homme vers les putes : où a disparu la solidarité féminine ? Plus un gros clito qu'une petite queue. On se remet du viol, ne vous en déplaise. La femme est toujours consciente de sa perfection, "parce que je le vaux bien". "C'est plus facile pour moi si on ne ne va pas jusqu'au bout". Je trouve cela ignoble ; elle est capable de tenir trente jours, tout de même. "Nous pourrions rester côte à côte - Mais je ne suis pas une sainte" – les deux râteliers. "Ils peuvent toujours venir me chercher, avec leur Goncourt !"

 

D. 50

Te-Anaa : ce sera mensonge ; en dépit de mes efforts, je n’ai pu l’aimeD. Estime, considération, amitié ! “Baises judicieusement espacées” ! Mais elle ne doit jamais s’imaginer que je l’aime. Plusieurs années de thérapie pour guérir de moi. “Nous guérissons par surcroît”. Le surcroît n’a pas crû. Les passions refleurissent au bord des fosses. Combien amères les passions ressuscitées ! Les chemins de Te-Anaa sont trop escarpés, ses cimes, raréfiées. Trop de de vent, trop d’éther : ma vérité à tous les camps de base. Enfance et préhistoires, “le passé appartient aux perdants”.

Avec DJANEM, aucun autre passé que nos frêles racines en sol peu profond, que rien ne rattache à rien. Jamais je n’ai voulu que cet amour, même artificiel. Nous avons mis au monde et nourri tout cela – au matin elle raconte une intrigue de films ou de livre, nous nous remplissons de vivre pour voler chacun loin de l’autre car le temps nous est compté, celui des éveils à l’aube, où les yeux se palpent sans un mot.

Anaa s’interroge sur ce qui nous unit, Djanem et moi, sans être jamais né pour elle. “Je n’atternds plus rien de personne” dit-elle, mais il n’est pas un de nous qui n’attende. Nous sommes nos attentes et nos contradictions. J’emploie Te-Anaa dans le récit nommé Per Tenebras - dans les ténèbressous l’aspect d’un grand Slovaque à barbe sombre. Indécelable.

Assurément nous aurions pu nous tenir à la chronologie, aux minuscules éternités d’égratignures et de bonheurs – mais tant de pellicules se sont surimprimées, tant de retouches superposées, que les perspectives se sont toutes aplaties, repentirs abolis – à présent, mon passé, je le vois tout à plat.

Pour Te-Anaa de Christchurch, je vois une ombellifère élancée vers le ciel sans eau. Pour Djanem je ne vois rien. Que de ses lèvres donc ne cessent de couler tant de vérités sans fond ; doutes, sable et pierres avec ou sans inclusions de crapauds. De prétendus amis nous jettent en pleine face leurs venimeuses vérités.

 

D 51.

 

Près du fournil où je la vois trôner DJANEM accomplit ses rites. Je lis sur elle toute la succession des âges, comme si nos avions vécu ensemble sans en excepter un mois. Elle m’invente des mains propres, faites pour me payer. Fais-moi la mort heureuse. Accroupie sur moi Te-Anaa ferme les yeux dans un tumulte de succions sans grâce. C’est ce que l’on doit faire lorsqu’on est homme ou femme.

DJANEM me nettoie, patiemment, funèbre. Même à supposer que j’aie trouvé ma double appartenance il restera d’elle en moi l’essentiel, qui me ramènera plus tard. Ou jamais ? Trois femmes émettant des craintes. Démonter le jouet. Rêvé que j’aie passé la nuit en toute chasteté, entre des draps blancs, avec l’énorme épouse d’un pâtissier.

 



 

TEXTES ALTERNÉS FEDORA – L’INTRUSIF (DJANEM)

 

 

DÉFINITIFS

 

 

 

Se servir des « résumés » comme de chapeaux annonciateurs, sans plus.

65 06 02

 

 

 

 

F I – FEDORA

MISE EN PLACE

F. I : Trois générations. « Il y aura le présent, le passé et l'avenir ». Caractéristiques des principaux personnages. Ma femme s'appelle Arielle. Olegario vient chez Vera. Olegario se cache de toutes les polices.

Trois générations féminines, la grand-mère Fedora, Léna la mère, sa fille Lydia ; la plus âgée, après avoir dûment concassé sa fille Léna, entreprend, dans l’ordre, de broyer Lydia, sa petite-fille. Notre héros, Petit-Keller, parviendra-t-il à sauver cette dernière, ou bien, sera-t-il irréparablement nuisible ?

Olegario sera l'amant de Fedora ; Lena fille de cette même Fedora. Et moi, Petit-Keller, d’intervention tardive, je serai moi. Olegario fécondera Léna, la jeune, qui engendrera Cyntia, ce qui fait trois générations, grand-mère, mère et petite- fille : Fedora, Léna, Cyntia, sept ans. Léna, infirmière, n'a pas de partenaire constant. Ce lui serait insupportable. Fedora, la plus âgée, forme avec son amant Olegario un couple tortueux, tortureur. Cyntia, en bout de chaîne, deviendra jeune fille et toute seule, en dépit des avances d'un prétendant parisien. Il n’y aura dans ce tableau mouvant ni présent, ni passé, ni avenir.

 

Mon épouse se nomme Arielle. Arielle Petit-Keller. Léna, infirmière, et mon épouse, se ressemblent : tantôt fébriles, tantôt léthargiques. Olegario et la vieille Fedora, jadis jeunes, se sont rencontrés lorsque ce dernier, sur trois planches et sa guitare, chantait ses virils poèmes : « Viens chez moi » lui dit Fédora (la femme et la mante dégustent sur leur terrain). Chez Fedora se trouve déjà donc Léna, toute jeune encore, de ce fleuve sibérien près duquel fut déporté Vladimir Ilitch. Désormais l'Ennemi Masculin se trouve dans la place. La future soignante Léna, quinze ans, suscite la lubricité d’Olegario, fort tenté par le coup double intergénérationnel. Cet Argentin (il est argentin) n'a rien du tanguero fadasse et gominé : il fut naguère indicateur des colonels de Buenos-Ayres, et ne dut son salut qu'à sa fuite en Europe, mais ce sont d’ignobles ragots. .

 

D. 1 DJANEM

 

Désir d'intrusion, sans endosser pour autant la responsabilité d'un futur époux.

AVANT-PROPOS NARRATIF

 

Voici comment tout a commencé. Mon ami Lazarus, m'a vivement recommandé pour donner à Djanem des cours particulier. Il m'a mené chez elle par une courte rue dérobée. Il nous a présentés l'un à l'autre en baissant les yeux. Nous nous sommes vouvoyés, convenant du prix et des horaires. Il s'agissait, en avril, trop tard, d’affine la préparation à l'oral du CAPES. La première leçon, pour une assez forte somme, s’est tenue dans son salon, très haut de plafond.

Sur la table elle a disposé certains documents à consulter chez moi. Elle portait un tailleur bleu modeste, sans rien souligner des seins ni des hanches. Elle me parut, de prime abord, portugaise. La France est le seul pays où l'on te demande, avant tout, de quel pays tu es venu. Nous sommes de grands xénophobes, et j’en suis. Connaissant les origines de Djanem, je me fais fort de tout savoir à son sujet, de tout ignorer, du moins l’essentiel, si je les ignore. Ce jour-là je lui ai déballé le grand jeu : collaboration à égalité, sans rapport formel maître-étudiante. Elle répond doucement, franchement : « J'ai repris mes études à partir de la 3e, jusqu'au niveau de la licence et du CAPES, où je compte me présenter ». Très vite les leçons se tiennent dans la cuisine, où survient parfois le conjoint sous un prétexte ou l'autre, souriant. Je me souviens d'avoir fait lire à Djanem, alors que j'officiais encore au salon, une œuvre épique, afin de la préparer à l'épreuve de l’explication de texte. Je l'ai prévenue : tout candidat qui se contente à l’oral de lire ce qu'il a écrit écope invariablement de la note 5, quelle que soit la valeur de son commenaires. Ce jour-là, je voyais de haut la ligne nette de sa raie capillaire, et lorsqu'elle a levé les yeux elle surprit sur mon visage, me dit-elle, une expression de tendresse que j'ai très souvent à l'égard de mes grandes lycéennes. Sa voix neutre et douce évoquait exactement les sons de l'ocarina.

De son côté Lazarus me recevait, dans sa maison de rondins, pour me faire corriger ce qu'il éditait. J'occupais alors un petit bureau devant la fenêtre du jardin, repoussant parfois le bois du volet qui rebondissait souplement sur le mur garni d’une épaisse toison d'ampélopsis ou de vigne vierge . Et corrigeant les textes ou préparant mes cours , je rêvais à Djanem et je répétais son nom pour l’aimer, car On n'aime point, Seigneur, si l'on ne veut aimer. Mes leçons coûtaient très cher. Quand je voulus porter leur pris à 22€, Djanem tenta de me proposer un arrangement à 100€ par mois, ce que je refusai poliment : cela rabaissait mon prix à 12€ de l'heure.

Elle s'en excuse confusément par courriel. Elle se mit à me tutoyer, selon le code informatique. Elle me rassurait, m'affirmant avec sincérité que mes cours débordaient d'enthousiasme et de sincérité, ce qui flattait ma fausse modestie… Je me bornais pourtant à la stricte application des méthodes assimilées entre 18 et 20 ans : ce que l'on appelait alors « lecture expliquée ». En dépit des sottises contradictoires et ministérielles, j’en étais resté à ces premières directives pour étudiants. Mes classes me jugeaient désordonné, certes, mais combien plus profond que ces honorables femmes échassières qui dispensaient, faute d'enseigner les maths, leurs platitudes réglementaires.

Bref Djanem, quelles que soient ses origines, avait bien failli me dire « Laissons là nos leçons, car je crois bien devenir amoureuse de vous. » C'est bien ainsi que je concevais toutes mes leçons : car le cours n'entre pas dans l'élève s'il ne se sent pas sincèrement et profondément aimé. Cet amour prend hélas avec elle, et je ne m’en avise qu’à présent, tous les aspects d’une révoltante condescendance, étendue à l’ensemble de mes relations humaines, à moins que je ne sois carpette ou paillasson : bipolarité narcissique dévastatrice.

Il s'avéra que mon augmentation ne pouvait être supportée par un budget modeste. Djanem tenait la caisse d'un magasin de tissus exotiques. Nous ne nous étions plus revus, le conjoint Nils m'avait aimablement raccompagné jusqu'à la porte, 45 ans bien sonnés,
Normand rougeaud, ventru et rouquin.

Djanem et moi nous sommes donné rendez-vous à la terrasse de La Flèche, au pied de la tour St-Michel, dont le quartier alors grouillait d'Arabes et d'Espagnols, que je considérais avec condescendance, voir plus haut. Elle me confia, toujours me vouvoyant, ses déboires conjugaux. Son premier mari, Turgond, l'avait trompée dès sa grossesse, qui avorta en fausse couche. Il avait un jour aussi jeté un chaton sur l’autoroute. Dix ans à se débarrasser de ce mari,

les liens névrotiques étant comme chacun sait mes plus difficiles à dénouer : « Je ne sais pas ce qui me prend de vous raconter tout ça », et pour la première et dernière fois nous sommes allés ensemble au cinéma, au sortir duquel nous nous sommes tutoyés. C'était une comédie policière, au cœur des Pyrénées, avec Arditi, Dussolier, et l'inévitable Azéma. Mais nous n’avons pas suivi l'intrigue. Dans l'ombre nos mains et nos bras nus se conjuguaient. Ainsi donc je faisais connaissance, à 63 ans sonnés, de ce que j'avais si fort envié à Mussidan, lorsque mes infects prétendus camarades me laissaient entendre qu'ils avaient « flirté » tout le film (ou qu'ils étaient « allés aux fraises » dans les buissons du bord de l'Isle, en Dordogne, l'année de mes vingt ans). - En entier ? - Non, seulement avec les doigts, tu penses… À présent je « flirtais au cinéma ».

Comme un grand. C'était donc là cet infini que tout le monde connaissait, en se foutant de ma gueule. Ensuite, il m'est difficile d'établir une chronologie, car je ne notais rien du tout, crainte d'y voir surgir dans les marges les commentaires reptiliens de mon épouse. Je devenais bien inexact, réclamant des libertés inhabituelles dans mon emploi du temps, jusqu'alors si réglé. C'est ainsi que l'histoire de cet amour ne peut trouver ici une quelconque exactitude chronologique. D'où le dessein que j'eus de tout raconter d'un coup, en superposition, en surimpression. Ainsi se retrouve l‘état sacré des souvenirs d’avant, lorsque nous ne les consignons pas encore dans l’ordre, « dans la pureté de l’enfance » disent les écrivains. L'amour dure trois ans. Trois mois pour le plus chaud.

Mon procédé d'exaltation consistait à déverser dans l'oreille de l'aimée les paroles d'amour les plus enflammées, auxquelles je croyais, le temps de les dire, et jusque chez moi.

 

 

F. II : L'Argentin chauffe la fille Léna sitôt qu'elle est seule. Hernandez raccompagne Fedora. « Tous les voisins le voient ».

 

 

 

D. 53

Que m’importe d’être ton ami. Reniement de l’homme et de la femme. Quel intérêt puis-je avoir aux relations sans drame, ni chair ni piques, acide ou miel ? Nous nous croiserions un jour dans les couloirs : Alors, ça va ? Pas mal, et toi ? C’est pourquoi je m’écarte de tout ce qui porte forme humaine.

 

X

 

Même en elle j’échoue à me montrer naturel. Pour la première et terrible fois de ma vie, une femme, montée sur moi, me dit les yeux dans les yeux « Même à l’intérieur de moi – je vois que tu as peur des femmes ». La panique de mes yeux – valait-il mieux troncher à la hussarde ? « Tu as peir de moi. » J’ai peur que tu ne découvres l’improbable échafaudage au sommet duquel j’ai haussé mon amour. Je crains d’être déjoué, brutalement renvoyé à mon néant sentimental, à mon désert vital Que l’on puisse lire en moi.

J’entends beugler dans la brume « Qu’est-ce que le moi ? » Qu’est-ce que le moi ? beuglait Lazarus. En toute impunité. Saccageant tout, l’adolescence, la conscience, traquant l’âme. Si sûr et si claquemuré de certitudes

D. 54

Te revoir quitte à vivre dans l’erreur.

 

TEXTES ALTERNÉS FEDORA – L’INTRUSIF (DJANEM)

 

 

DÉFINITIFS

Je pars des textes écrits et j’améliore au maximum.

67 07 24

 

chercher “recalé” p.10

Tous mes documents disparaissent au fur et à mesure...

 

 

 

 

 
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