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Dôle, accent circonflexe supprimé

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COLLIGNON LECTURES "LUMIÈRES, LUMIÈRES"

RENART "LE ROMAN DE GUILLAUME DE DÔLE" en ancien français 60

 

 

 

En septembre 17, nous vous entretînmes du faux Roman de la Rose, ainsi appelé parce que l'héroïne possédait, en haut de la cuisse, une tache de vin que l'on ne pouvait voir autrement que dans sa nudité. Les commentateurs ont préféré l'appeler le Roman de Guillaume de Dôle, nom du protagoniste. Rappelons qu'il ne peut y avoir qu'un seul protagoniste, et non pas "des", comme on l'entend dire par des ignares de radio-télévision, pléonasme. Mais ce roman fut écrit du temps où Guillaume de Lorris était toujours vivant, vers 1220-1240 ; Guillaume de Lorris, lui, a vraiment composé une version du Roman de la Rose. Jean Renart a peut-être voulu lui répondre. Dôle est dans le Jura, notre brillante écologiste Dominique Voynet en fut députée.

Depuis 1148, cette ville dépendait de l'Empereur d'Allemagne, qui apparaît aussi dans le roman. Cet empereur s'appelle Conrad. Or, historiquement parlant, c'est Frédéric II qui régnait alors, succédant à Otton IV. Qu'importe direz-vous, puisqu'il s'agit d'un roman. Certes, comme on dit dans

le domaine, seulement, voilà, les autres personnages sont réels, eux, chose rare dans les romans de l'époque. Les lecteurs les reconnaissent, les seigneurs cités dans cette œuvre ont participé à de grands tournois ! Quant aux empereurs qui s'appelaient réellement Conrad, ils ont régné bien avant : le dernier du nom, le numéro III, est mort depuis 90 ans ! Empereur imaginaire donc, jeune, beau, richissime évidemment, qui entend parler de Guillaume de Dôle, au pied du Jura, et de sa sœur Liénor, celle de la tache de vin, dont personne n'a enterndu parler.

Il va de soi que l'Empereur imaginaire tombe amoureux de la jolie sœur de Guillaume, et la demande en mariage. Il bas de soie (anachronisme) qu'un vilain jaloux fait courir le bruit qu'il a couché, lui, avec la chaste et pure, qui n'est donc plus chaste et pure. L'Empereur, vexé, renvoie Guillaume de Dôle qui n'a pas su veiller sur sa sœurette, et qui retourne chez lui, déshonoré, la queue basse. Bien évidemment, le vilain jaloux qui était le meilleur confident du grand frère (on ne raconte pas n'importe quoi, même à son meilleur ami, le traître) est puni à la suite d'un grand procès solennel. Et tout revient dans l'ordre, l'amour, la gloire et la beauté. Le tout est plus original que le résumé, les description de la vie luxueuse à la cour d'Allemagne nous confirment que les riches savaient s'amuser, bien boire et bien s'habiller, mais aussi se déshabiller avec de nobles dames à la fin des festins.

Et à présent, n'en déplaise aux lesbiennes militantes, nous allons nous pencher sur un personnage historique et obscur : Gaucher II de Joigny, en Bourgogne. Son père s'appelait Gautier, "Gautier" ou "Gaucher", prononcé à l'époque, c'est du pareil au même. Ce Gaucher II était sénéchal du Nivernais. Un sénéchal est un officier au service d'un roi. Le Nivernais était un gouvernement militaire de seconde classe, et ne fit jamais partie, quant à lui, du Saint-Empire Romain Germanique. Notre poème de 5655 vers fait mention du château de Ligny (le-Châtel), dans l'Yonne, "où les contes de Nevers possédaient un château". Le père et le fils étaient de rudes tournoyeurs, et lorsqu'un tournoi s'organise en Allemagne, on pense à eux : viendront, viendront pas ? Le père viendra, mais comme il est mort, il faudra le ressusciter, hahaha la bonne vanne dans le texte.

Rapport avec la Syrie ? Aucun, et ça repose. Avec Macron ? Aucun, et ça repose. Avec les SDF ? Aucun, et ça repose. Occupons-nous du Moyen-Âge, et nous pourrons nous tourner vers d'autres préoccupations plus actuelles, avec un esprit moins martelé. Occupons nous d'un autre Gautier, de Sagnies celui-là. On l'appelait aussi Gontier de Sagnies. Gautier, Gaucher, Gontier, c'est du pareil au même. C'est un poète, dont une chanson est citée dans le roman. La poésie en effet se chantait en ce temps-là. Pour vous donner une idée, comme Grand Corps Malade, mais en langue d'oïl, qui je le répète n'a strictement rien à voir avec le faux vieux français de carton pâte utilisé dans Les visiteurs. Une autre originalités de ce Roman de Guillaume de Dôle est la présence de chansons incluses dans le texte.

C'est déjà, très très avant la lettre, une comédie musicale. Pas de tournois sans festivités, pas de festivités sans trouvères et sans musique. Et de la bonne, bonne, bonne, avec de belles parole, parole, parole.

"Lors que florist la bruiere

que voi prez reverdoier,

que chantent en lor maniere

cil oisillon el ramier,

lors sospire en mon corage,

quant cele me fait irier (ça m'vénère)

vers qui ma longue proiere

ne m'i pot avoir mestier.

Comme disait Delphine Seyrig, "les histoire d'amour, c'est toujours la même histoire, c'est l'homme qui veut introduire son machin et la femme qui veut pas" bref rien de nouveau sous le soleil du cul. Et celui de la fine amor, bien sûr, celui de la fine amor. Ce qui n'a rien à voir avec le COLLIGNON LECTURES "LUMIÈRES, LUMIÈRES"

RENART "LE ROMAN DE GUILLAUME DE DÔLE" en ancien français 62

 

 

 

Front – oh pardon, le Mouvement National, ce qui nous repose éternellement. Non, nous ne parlerons pas d'Aznavour, ni de Poutine, ni de Brigitte Bardot-Macron pour la protection des espèces en voie d'extinction, mais du "viel duc de Genevois" pas très clair, qui s'assit "à son haut doit", car le doit, en ce temps-là, c'est la table, d'où l'expression "manger sur le pouce", mais ici, place au luxe, car le vieux duc porte au cou de "riches piaus de martres" pauauauvres bêêêêtes. Le commentateur et annotateur, Félix Lecoy, nous précise impitoyablement que "les seigneurs de Genève étaient comtes, et non pas ducs" ; "il est impossible de savoir" poursuit-il "si Jean Renart pensait à Guillaume Ier (qui disparaît des documents en 1195) ou à son fils Humbert, dont la carrière se prolonge jusqu'en 1224, ou même au frère de ce dernier, Guillaume II, qu lui succéda." Peu nous en chaud, monseigneur, et peu nous en chalait, et non pas "chaudait", môssieu de Falvard...

Ce Guillaume II mourut en 1252, il avait épousé une dame de la Tour du Pin, qui apprécia son Tour de la Pine, mais nous n'en sommes pas encore là. "Peut-être, au reste," comme disait Pylade, "notre poète n'avait-il qu'une très vague idée du personnage dont il parle ici". "Roman" singifie en effet d'abord "écrit en langue romane", et non pas nécessairement "histoire d'amour". Ici, si, Impératrice. Il nous faudrait aussi, afin de compléter nos réjouissances, évoquer Gerbert "e-r-t" ou "e-r-z", de Metz, personnage de la geste des Lorrains ; un chouïa de texte ? Encore une chanson incorporée au récit, mais cette fois, au lieu de chanter l'amour, on se fout sur la gueule, c'est l'amour entre hommes, "celui qui vous envoie m'emmerder ne vous reverra plus, ou bien ne vous reconnaîtra pas", et la tendresse, bordel.

Ce ne sont pas nécessairement des combats contre un ennemi, mais des rixes personnelles, entre Fromont et Doon le Veneur (le Chasseur). Las ! Où sont passées nos provinces d'antan ? Ô Lorraine, qu'es-tu devenue ? À quand le retour de ton indépendance, à l'instar de la Catalogne, de la Corse et de St-Médard-en-Jalles ? Construisons l'Europe, et poussons l'euro, mais pas à l'antenne. Nous terminerons avec le château de Gironville en Haut-Médoc, où nos Lorrains se sont aventurés au vers n°1360, et quitterons cette fausse continuation des Romans de la Rose rebaptisé de Guillaume de Dole au XVIe siècle, ainsi que la belle Lionor, la pucelle à la rose en haut de la cuisse, obsédés s'abstenir.

 

 

Commentaires

  • pléonasme, c'est bien dit !, mon cher COLLLIGNON.

  • Ah, tu as lu jusque "pléonasme" : c'est bien ! J'adore écrire n'importe quoi. Quelles nouvelles question boulot ?...

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