Proullaud296

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  • Trou du cul

    Voilà un titre comme on n'en fait plus. Je n'ai jamais vu e trou du cul plus proche que celui du lavement. Une simili opération aquatique, se soldant par des traces de merde non nettoyée dans un hôpital dont je tairai le nom. Gentillesse extraordinaire du personnel, et corbeilles débordantes de bouteilles en plastique. Cet hôpital se situe en Chine. Fatigue d'une journée passée à ne rien faire, confusion des sentiments aboutissant à une déambulation exhibitionniste, celle d'un fou qui parle haut plusieurs langues fausses. Pas d'autre perspective que celle d'une vieille qui meurt de déshydratation à travers son masque à oxygène. Une toubibe sexy aux chaussons bariolés. Le sentiment de solitude qui s'accentue, sans rien de menaçant, la banalisation du rien, les plaisanteries cons, la télé déversant son stade et ses médailles, et pour finir une peur immense de la sieste, semblable au froid des endormissements par -50° qui mène à la mort. Il faut lutter en hurlant de l'intérieur, car tout, tout autour de toi, t'entraîne vers le  bas. 

    Terrasse en plongée.JPG

  • Plus j'éclaircis, plus c'est confus

     De pères différents, Pascal et François dit Frank Nau, ne se sont véritablement connus que vers
    leur vingtième année,
    s'étant bornés à quelques cartes de vœux. Leur mère s'était remariée . Elle
    tomba dans le travers d'exalter le premier fils, celui d'un avocat, aux dépens du cadet, fils de
    médecin, futur marchand de chaussures : « Tu te rends compte ? pour un fils de médecin ?
    - Oui maman ! » Quant à l'autre géniteur, celui de Pascal Maatz, il
    était resté seul, ombrageux.
    Il avait livré son fils à de sombres études de médecine, ayant pour sa part préféré le droit.
    L
    orsque le fils eut enquillé avec succès ses trois années de DFG, il éprouva le besoin de
    connaître son demi-frère
    François dit Frank. La première entrevue manqua de chaleur : le futur docteur Pascal, outre une sacrée
    bougonnerie, manifeste déjà les
    inquiétants symptômes d'une bigoterie de fraîche date :
    « Bigot, bougon - bien la peine de faire des études », lui
    reprocha François dit Frank.
    Lequel courait marchés et foires, du Maine-et-Loire jusqu'au fond du Tarn,
    s'approvisionnant si nécessaire en cuir
    car il cordouanait lui-même à l'occasion, « pour
    ne pas perdre la main » ;
    il possédait la faconde des vendeurs publics, ne la quittant
    que pour sa compagne,
    envers laquelle il se montrait, de façon très inattendue, plus
    réservé. Il arrivait même qu'il la corrigeât, deva
    nt son propre frère. Il reçut de ce dernier
    une lettre particulièrement mortifiante : « Tes plaisanteries » écrivait Pascal, « atteignent
    un niveau de platitude jamais égalé. Tu manques de la plus élémentaire ambition .»
    François dit Frank, malgré son prénom, restait mou.
    Passé six mois de bouderie,  la correspondance reprit, mollement : santé, comptes
    commerciaux,
    ou bien, côté médecine élitiste, fastidieuses évocations de paysages.
    Soudain tous deux
    se découvrirent, au hasard de ces confidences écrites fomentées par
    l'indifférence,
    un goût de possession, d'emprise, de dictature, sur leurs femmes
    respectives, « à
    moins qu'elles ne les possédassent eux-mêmes ». La seule idée d'une
    telle inversion les jetait dans un accès de fou-rire.
    Leur mère ayant sur ces entrefaites
    convolé en secondes noces aux bras d'un amant bolivien, les demi-frères se revirent
    à Fougères, puis à Moncap, où Pascal exerçait obscurément,
    puis à Châteauneuf-en-Bousse,
    en Lozère, où survinrent les premières copulations plus ou moins ratées, mais plus
    simultanées que les deux hommes l'auraient imaginé : cela faisait longtemps que les deux
    maîtresses se consolaient l'une sur l'autre.

    Route et pont.JPG

    
    	Les deux frères se découvrirent aussi, ou se forgèrent, un goût commun pour la chasse
    et l'ennui. Ils décidèrent, à huis clos, de casser
    une fois pour toutes leurs femelles, par
    désappointement de les faire mal jouir. « N'en disons rien », chuchotèrent-ils, « car la vie de
    province est dure » -
    les deux fils, orphelins de pères, délaissés de mère, devaient prendre
    leur revanche. La terne pu
    te repentie Héléna Bost serait promue grande artiste de Gironde
    par un Marocain sans scrupule. Et l'autre, l'étincelante, die prinkelnde Annemarie
    Mertzmüller,
    offrant sur scène un corps savamment dévoilé, apprendrait d'un curé
    haut-languedocien, le Père François,
    voyeur, l'ineptie, l'hérésie de ses porte-jarretelles et
    autres ornements
    , et la supériorité autrement gratifiante de la prière.