Proullaud296

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  • Déceptions chez Edgar POe

    « Tout cela fleure, encore une fois, et pour moi seul, l'insipide à plein nez. La poussière, le vêtement sale, le XIXe siècle cette fois-ci, en un mot. Où j'eusse étouffé. ...sur leur organisme, particulier, leur laideur, leur privation d'oreilles, appendices superflus dans une atmosphère si étrangement modifiée; - nous touchons là des abîmes d'hypothèses. Tout cela excitait les esprits à l' époque. De nos jours tout cela est si rebattu. De plus, Edgar Poe ne fait-il pas parler son personnage par prétérition ? « J'aurais pu ». Les auteurs sérieux, tels Michel Leiris, énumèrent toutes les raisons, puis en reviennent, en bons Bouvard et Pécuchet, à leur taillage de plumes : l'homme est seul devant la mort et devant sa glace, et c'est à lui de se démerder. Notre pensée ressemble à Hans Pfaall : elle bricole avec nacelle, panier, attaches serrées par des nœuds marins, découvre sur la Lune la même chose qu'ici-bas en moins bien, ne parvient pas à se déprendre de ses préjugés, conclut à l'inanité de toute chose, et va se recoucher avec ma femme sous sa couverture. ...conséquemment, sur leur ignorance de l'usage et des propriétés du langage, sur la singulière méthode de communication qui remplace la parole ; une langue de sourds-muets sans doute - sur l'incompréhensible rapport qui unit chaque citoyen de la lune à un citoyen du globe terrestre - voici du nouveau pour le coup Mister Poe, qui prouve le tort que j'avais d'avoir douté de votre perspicacité »

    Ce n'est pas plus crétin que le projet fou de Sarkozy de lier la mémoire d'un enfant juif massacré à la conscience d'un enfant contemporain. Nettement moins crétin, même : à qui en vérité serions-nous reliés, dans l'univers ? Où est notre moitié platonicienne, que nous recherchons toute notre vie ? Voici de quoi piquer notre curiosité, notre sensibilité, quelque chose de renouvelant. Qui suis-je dans l'azur ? par exemple. Tel est ce qui nous est venu à l 'esprit, ou à la bouche, après que nous eûmes relu ces Histoires extraordinaires d'Edgar Allan Poe (Allan était le nom de son père adoptif). Il a certainement touché de sombres thèmes ésotériques, éternels, depuis le crime commis en chambre close, jusqu'à l'errance interplanétaire, en passant par la traditionnelle chasse au trésor.

    L'escalier au plastique.JPG

    Nous allons à présent vous interpréter (tendez vos rouges tabliers) un petit extrait du Scarabée d'or, issu de la présentation : la mise en place d'un décor et de certains personnages, qui vont très vite se pencher sur un mystérieux grimoire, indiquant sous forme d'énigme et de jeu de piste l'existence d'un trésor de pirate. Voici Edgar Poe, sous la plume traductrice de Charles Baudelaire : « Cette île est des plus singulières. Elle n'est guère composée que de sable de mer et a environ trois milles de long. En largeur, elle n'a jamais plus d'un quart de mille. Elle est séparée du continent par une crique à peine visible, qui filtre à travers une masse de roseaux et de vase, rendez-vous habituel des poules d'eau. La végétation, comme on peut le supposer, est pauvre, ou, pour ainsi dire, naine. On n'y trouve pas d'arbres d'une certaine dimension. Vers l'extrémité occidentale, à l'endroit où s'élèvent le fort Moultrie et quelques misérables bâtisses de bois habitées pendant l'été par les gens qui fuient les poussières et les fièvres de Charleston, on rencontre, il est vrai, le palmier sétigère » (dont l'écorce pelucheuse présente une espèce de soie, je suppose)« ; mais toute l'île, à l'exception de ce point occidental et d'un espace triste et blanchâtre qui borde la mer, est couverte d'épaisses broussailles de myrte odoriférant, si estimé par les horticulteurs anglais. L'arbuste y monte souvent à une hauteur de quinze ou vingt pieds ; il y forme un taillis presque impénétrable et charge l'atmosphère de ses parfums."

    Soyez assurés que ces précisions botaniques sauront prendre plus tard toute leur importance.

    "Au plus profond de ce taillis, non loin de l'extrémité orientale de l'île, c'est-à-dire de la plus éloignée, Legrand s'était bâti lui-même une petite hutte, qu'il occupait quand, pour la première fois et par hasard, je fis sa connaissance. Cette connaissance mûrit bien vite en amitié, - car il y avait, certes, dans le cher reclus de quoi exciter l'intérêt et l'estime. Je vis qu'il avait reçu une forte éducation, heureusement servie par des facultés spirituelles peu communes, mais qu'il était infecté de misanthropie et sujet à de malheureuses alternatives d'enthousiasme et de mélancolie. Bien qu'il eût chez lui beaucoup de livres, il s'en servait rarement. Ses principaux amusements consistaient à chasser et à pêcher, ou à flâner sur la plage et à travers les myrtes, en quête de coquillages et d'échantillons entomologiques ; sa collection aurait pu faire envie à un Swam" trait d'union à la ligne – "merdam". - bravo le typographe.