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  • De Gaulle, England & C°

    Le 10 septembre, Londres annonçait que les forces britanniques avaient pris pied à Majunga et qu' « une administration amie, désireuse de collaborer pleinement avec les Nations Unies et de contribuer à la libération de la France, serait établie dans l'île." Etrange avec le recul de considérer le général de Gaulle s'appliquant avec hauteur de sauvegarder les intérêts de notre pays dans ses colonies, alors qu'elles seront toutes bradées moins de vingt ans plus tard, au nom du réalisme économique. Faut-il provisoirement conclure que le Général savait s'adapter aux circonstances, et que la situation d'après-guerre, en Afrique et ailleurs, n'avait plus grand-chose à voir avec celle des années  41-42 ?
        Le suspense continue, pour les ignorants que nous sommes. Le 11, M. Strang déclarait à Maurice Dejean : «Dans l'esprit du gouvernement britannique, le Comité national français doit être « l'administration amie » mentionnée dans le communiqué. Nous sommes passés bien près de la disparition, de la réduction au fantoche. De même nos gouvernements actuels, tant gaullistes que socialistes, ardents défenseurs de l'action gaullienne, s'empressent-ils aujourd'hui de nous fondre dans une Europe impersonnelle, tout en prétendant le contraire à grands coups de menton. Bon ! Il n'y a donc pas que de Gaulle à se contredire à vingt ou trente ans de distance, et l'historien du futur, s'il en reste, ne pourra que disserter sur le « long déclin » de la France...      Je ne connais plus le nom de l'artiste ; qu'il se manifeste s'il le souhaite.                         SUITE :
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        Poursuivant cette longue épopée, nous parvenons aux laborieuses tractations (toute la carrière du Général ne fut que laborieuses tractations) pour convaincre les Alliés de marcher sur Paris, au lieu de foncer, avec Patton, à travers la Lorraine. L'argument est que Paris déjà s'insurge, laissant sur le flanc gauche des Alliés un abcès de fixation très dangereux ; ces derniers atteignent déjà la Seine en aval et Melun, mais seul Paris demeure à l'écart. Décidément, ce que j'aurai appris, même en tenant compte de la paranoïa chatouilleuse du général de Gaulle, est que les Américains ne nous auront délivrés qu'à contre-cœur, considérant la France en tant que champ de bataille, certes, mais au grand jamais comme un partenaire politique valable : nous fûmes copieusement méprisés, juste bons à devenir un protectorat.
        Noter cependant que les Italiens, sur qui pesaient les soupçons d'une obédience mussolinienne encore toute proche, parvinrent à surmonter ce mépris, redevenant souverains sans problèmes. En dépit du mépris pour les Macaroni. Les Français se sont battus en Italie, avec leurs trois soldats et demi emplis de vaillance. Ils ont remonté la vallée du Rhône. Personne ne parle de cette session de rattrapage, où l'héroïsme et la vaillance... mais le langage gaullien me rattrape... Un orgueil exaspérant c'est vrai. Une époque épique, bien perdue de vue. Une méfiance ô combien justifiée envers le Parti Communiste, qui fit tout je suppose pour évincer le grand Charles, parvenant à des résultats pharamineux lors des élections de 1954, alors que le goulag battait son plein dans la plus parfaite ignorance tu parles. Rien n'est pur, et je barbote dans les clichés, n'ayant pas dépassé les bonnes rédactions de première, puisque ces classes planchent sur les Mémoires de guerre. Il est bon toutefois d'avoir porté ces épisodes à la connaissance des minorités féminines et littéraires (pléonasme) des lycées.
         Je ne pense pas que les scrutins s'en ressentent, mais si notre pays pouvait avoir envie de se relever, ce ne serait pas plus mal. [A]u sujet des évènements de Paris,(...) le ton réservé, voire empreint d'un peu d'aigreur, de la « Voix de l'Amérique » me donnaient à entendre que, cette fois, Londres et Washington ne s'accordaient pas tout à fait pour ce qui concernait la France. Londres a vu le feu de plus près, il est vrai. Churchill n'a fini par admettre de Gaulle que bien malgré lui aussi. Le général a résisté à partir de Londres et Alger. Il s'est vaillamment débrouillé avec ses bouts de ficelle. Mais je reprends les préjugés et les persiflages. Il me sera difficile d'émettre des commentaires pertinents ou renouveleurs à propos de politique, étant de l'avis du dernier venu. Des  picotements me sont même montés aux yeux à lire ces envolées de lyrisme de caserne à propos des drapeaux qui claquent au vent du Mans à la banlieue sur le passage du Général, avec des allocutions de maires qui se terminent en sanglots : c'était vrai.
        De Gaulle exaspère par ses moulinets de rodomont. Mais il force l'admiration, par sa capacité de transformer le vide en plein, qui est le sort de nous autres, condamnés par la mort à ne plus agiter que des symboles. Et moi, simple Parménion (« J'arrêterais, si j'étais Alexandre. - Moi aussi, j'étais Parménion. ») j'avoue que mille fois j'aurais renoncé s'il m'avait fallu combattre autant de mépris et de basses manœuvres, cinq années durant, qui finirent par entraîner la démission du général de Gaulle, vaincu par les nains. Je ne l'aimais pas. Peut-être à cause de l'Algérie, abandonnée après une flagrante victoire militaire. Mais surtout parce qu'il représentait, avec son infecte bonne femme, le puritanisme le plus étouffant ; or Pompidou, bien qu'il n'imitât pas toujours la chasteté du général de Gaulle, ne montra aucune différence avec son prédécesseur sur ce point.     Quant à 68, comme chacun sait, ce fut là aussi une folle surenchère verbale, qui permit aux petits malins baiseurs de faire croire que c'était arrivé pour tout le monde alors que rien n'était changé pour les nigauds. Mon vieux crachat lancé, revenons aux faits : Je renvoyai à Paris le vaillant Favreau, porteur de la réponse que j'adressais à Luizet, dont j'ai ma foi oublié la fonction : préfet ? J'aime cette façon de lancer un adjectif louangeur à ses bons serviteurs et soldats par de Gaulle, comme un os de satisfaction à ronger, un bon point. Mais c'est lui, de Gaulle, qui a fait tout le boulot. Certains, je le rappelle, déclarent que sans la Résistance, le Général n'eût rien pu faire. J'y précisais mon intention d'aller d'abord, non point à l'Hôtel de Ville où siégeaient le Conseil de la Résistance et le Comité parisien de libération, mais « au centre ». Bien, de Gaulle : ne pas avoir l'air, si peu que ce soir, d'entériner l'emprise des communistes et apparentés, de sembler solliciter un adoubement ; mais jouer le peuple, la rue, contre les appareils d'apparatchiks.
        Je crois bien que des bruits sur les exactions de Staline avaient largement filtré, mais qu'il ne fallait pas que le peuple les sût. J'ai beaucoup aimé ce coup de menton du Général à Carcassonne, lorsqu'il refusa de recevoir au premier étage les délégués résistants en armes, les forçant à s'en débarrasser au rez-de-chaussée avant de monter à son bureau. Ça c'était de l'orgueil, et du bon, et à bon escient. Il y acvait déjà eu des soviets plus ou moins provisoires, dans l'Aude et dans les Savoies. Dans mon esprit, cela signifiait au ministère de la Guerre, centre tout indiqué pour le gouvernement et le commandement français. Nous ne disons plus « de la Guerre » à présent. Ce n'était point que je n'eusse hâte de prendre contact avec les chefs de l'insurrection parisienne. Nous comprenons ces réticences, cette progression cauteleuse sur les lignes de crête. 
        Les dirigeants marchent tous sur ce fil du rasoir. Comme il est compliqué d'être roi sans verser dans la cruauté. Toujours tenir compte de l'avis de tous, en maintenant le sien. Fragilité du pouvoir, etc. Mais je voulais qu'il fût établi que l'Etat, après des épreuves qui n'avaient pu ni le détruire, ni l'asservir, rentrait d'abord, tout simplement, chez lui. Vraiment ? Pourquoi pas l'Elysée ? Pas asservi, l'Etat français ? D'où vient alors ce haut-le-cœur de l'Etat-Major allemand (nous le rappelons) lorsqu'il aperçut, au nombre de la délégation des vainqueurs, le représentant de la France ? De Gaulle n'avait pas cédé, donc la France non plus ? Dans la paranoïa du Général, certes ; mais dans les faits ?
        Nos bravoures diverses avaient sauvé l'honneur, brillamment sans doute ; mais l'Etat ? De Gaulle considérait les résistants comme une bande de dépenaillés touchants, mais à prendre avec des pincettes à guenilles, car une bonne part s'étaient laissé tenter par les sirènes d'un communisme stalinien alors au faîte de son prestige, et comptaient bien transformer la France en conglomérat de
    territoires soviétiques, ainsi que je l'ai entendu dire pour l'Aude et les Savoies. XXX