Proullaud296

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Paraphrase des Provinciales de Pascal

 

« Il me semble que rien ne montre mieux sa sincérité que ce qu'il a ajouté à la fin de la Seizième Lettre pour rétracter un mot qu'il avait mis dans la Quinzième touchant une personne qu'il avait accusée, sur un bruit commun et sans le nommer, d'être auteur de quelques réponses qu'on avait faites à ses lettres. Cette peine qu'il témoigne de ressentir pour une faute si légère et qui l'a porté à en faire un désaveu public fait assez voir combien il serait incapable de supporter le reproche de sa conscience s'il avait imputé faussement à des religieux des impiétés si étranges, et combien il serait prêt à les reconnaître sincèrement. Aussi il en est tellement éloigné qu'il n'a pas même rapporté contre eux tout ce qu'il aurait pu faire. » Entre les lignes : je ne fais pas comme les Jésuites qui, eux, calomnient sans pouvoir donner de preuves, et qui se livrent à bien des impiétés dont l'auteur ne parlera pas ici, ben voyons. « Car il les a épargnés en des points si essentiels et si importants que tous ceux qui ont l'entière connaissance de leurs maximes ont estimé et aimé sa retenue ; et il a cité si exactement cité tous les passages qu'il allègue qu'il paraît bien qu'il ne désire autre chose sinon qu'on les aille chercher dans les originaux. Ceux qui en voudront prendre la peine y trouveront plus que dans les Lettres, comme ont fait les Curés de Paris et de Rouen. Car aussitôt que ces Lettres parurent, ceux de Rouen voulurent examiner ces citations, afin de demander la censure, ou des Lettres, ou des casuistes qui y sont cités, selon qu'il les y trouveraient ou contraires ou conformes. » Si l'auteur des Lettres est examiné avec la même mauvaise foi que l'évêque Jansénius, il peut être sûr et certain de se faire traiter d'hérétique, et interdire, voire, on peut rêver, brûler. Plus tard, l'abbé Rouillé demandera que l'on brûle Molière, pour avoir écrit le Tartufe... « C'est ce qui paraît par une lettre d'un curé de Rouen qui écrit à un de ses amis le commencement de cette histoire ; je l'ai mise aussi dans ce recueil, et on y trouvera ces mots : Pour procéder mûrement en cette affaire, et ne s'y pas engager mal à propos, les Curés de Rouen délibérèrent dans une de leurs assemblées de consulter les livres d'où l'on disait qu'étaient tirées les propositions et les maximes pernicieuses que Monsieur le Curé de Saint-Macloux avait décriées dans ses sermons, et d'en faire des recueils et des extraits fidèles, afin d'en demander la condamnation par les voies canoniques, si elles se se trouvaient dans les casuistes de quelque qualité et condition qu'ils fussent ; et si elles ne s'y trouvaient pas, abandonner cette cause et poursuivre en même temps lacensure des Lettres au provincial, qui alléguaient ces doctrines et qui en citaient les auteurs. Six d'entre eux furent nommés de la compagnie pour s'employer à ce travail, ils y vaquèrent un mois entier avec toute la fidélité et l'exactitude possible ; ils cherchèrent les textes allégués ; ils les trouvèrent dans leurs originaux et dans leur source mot pour mot comme ils étaient cotés ; ils en firent des extraits et rapportèrent le tout à leurs confrères dans une seconde assemblée, en laquelle pour une plus grande précaution il fut arrêté que ceux d'entre eux qui voudraient être plus éclaircis sur ces matières se rendraient avec les députés en un lieu où étaient les livres, pour les consulter derechef, et en faire telles conférences qu'ils voudraient. Cet ordre fut gardé, et les cinq ou six jours suivants il se trouva jusqu'à dix ou onze curés à la fois, » ( plaisant tableau) « qui firent encore la recherche des passages, qui les collationnèrent sur les auteurs, et en demeurèrent satisfaits. » Je doute que cette démarche ait été véritablement entreprise, car c'est ce que l'on aurait dû faire pour Jansénius, de façon objective et, ma foi, démocratique.

 

Alors que les Jésuites s'en rapportaient aux dires de certains savants, qui tenez-vous bien avaient même le droit de soutenir une opinion qu'ils n'avaient pas, sous prétexte qu'elle était mieux acceptée  par la majorité ! bonjour Ségo, hmm hmmm. « Pouvait-on apporter plus de circonspection en cette procédure ? »

 

Ce fut ensuite de cette recherche que ces Curés demandèrent en corps à leur Archevêque la condamnation de ces erreurs, et écrivirent sur cela à ceux de Paris, » (nous sommes en plein délire) « qui s'unirent aussitôt à eux et à tous ceux du royaume pour demander ensemble à leurs prélats la censure si nécessaire, tant des maximes citées dans ces Lettres que d'un grand nombre d'autres qu'ils ont eux-mêmes découvertes et présentées au Clergé. Ce qui montre combien l'auteur des Lettres a été fidèle dans ce qu'il a reproché aux Jésuites, et combien il leur en pouvait reprocher davantage, ainsi que je l'ai déjà dit.

 

 

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Voilà l'état où sont aujourd'hui les choses et la suite que les Lettres ont eue, qui est sans doute très avantageux à l'Eglise, puisqu'il y a sujet de louer Dieu de ce qu'un venin si dangereux a été si utilement découvert, et qu'en même temps les curés et pasteurs d'un grand royaume se sont unis pour avertir de s'en garder les peuples qui leur sont commis. » Appel au pouvoir suprême pour censurer... non pas les prétendus écrits de Jansénius, mais les Jésuites, qui ont bel et bien, quant à eux, écrits les ignominies dont l'auteur les accuse, « et encore, [il] ne di[t] pas tout ». « C'est pour cette raison que j'ai cru devoir joindre à ces Lettres les diverses pièces des Curés de Paris et de Rouen avec une excellente lettre de l'évêque de Malines sur le même sujet, afin qu'en voyant d'un côté la corruption de la morale des Jésuites et les excès dont l'homme est capable quand il est abandonné de Dieu, on voie en même temps de l'autre que Dieu n'abandonne pas son Eglise, et qu'elle n'est pas entraînée par les corruptions des particuliers qui s'égarent en préférant leurs propres lumières à ses lumières incorruptibles. » Amen ! Comme foutage de gueule on fait rarement mieux, car ces prétendues démarches des curés de Rouen ou d'ailleurs ne sont que l'expression d'un vœu pieux, impossible à réaliser en ces temps d'absolutisme ecclésiastique. Les Provinciales de Pascal s'ouvrent enfin sur un réjouissant « RONDEAU/ AUX RR.PP.JESUITES/ sur leur morale accommodante. (« Retirez-vous, péchés ») - et c'est ainsi que Pascal défendit son maître Arnauld, janséniste, contre les attaques et les calomnies desdits jésuites, iterum AMEN.

 

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