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  • Judaïsme

        Le Dictionnaire encyclopédique du judaïsme dont nous allons ici exposer misérablement certains menus aspects suffirait à peine, s'il devait être exégésé, à cent vies de rabbins et amorim, autrement dit d'interprètes. Il existe chez les juifs tant de textes, de gloses, de commentaires, d'explications de commentaires sur des gloses, que cela constitue toute une innombrable bibliothèque et l'essence même de toute une existence, juive ou de non juive. L'ordre alphabétique français a semblé le plus judicieux, et le plus arbitraire aussi : mais c'est un livre à consulter, non à lire dans l'ordre. Cependant nous le fîmes, pas à pas, près de douze années, picorant ici, glanant là, passant des subtilités minuscules aux principes les plus sacrés, des cérémonies les plus universelles aux coutumes les plus localisées, avec tout ce que cela comporte, par articles, de renvois aux pages précédentes ou suivantes.
        Tout s'y trouve, traduit de l'anglais, car l'anglais est la langue la plus pratiquée dans le monde par les juifs. Toutes les questions sont abordées, la définition du juif, avec une majuscule quand il s'agit du peuple antique, avec une minuscule s'il s'agit d'un contemporain. Est-ce que l'on naît juif, comment on le devient, comment on se marie, comment on mange juif, comment on meurt juif, comment il faut considérer les persécutions, comment Dieu a survécu ou non à la Shoah. Théologie, perspective historique (s'arrêtant à la fin des années 80, car il faut bien éditer l'ouvrage, et jusqu'ici nulle nouvelle impression n'a été signalée) ; répartition des juifs dans le monde, situation d'Israël dans l'Histoire et le cœur des juifs.
      

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      Fondements de la métaphysique, principes accessibles de la kabbale, analyse des commentaires à la Torah, qui correspond souvent avec notre Bible, définition du Talmud regroupant les commentaires, définition de la Michnah ou tradition orale, tradition rabbinique et vie des plus illustres d'entre eux, de Rachi de Troyes dans l'Aube à Baal Shem Tov créateur du hassidisme,  des maîtres Gamaliel et Hillel qui vivaient sous les Romains jusqu'à l'Espagnol Aboulafia du XIIIe siècle,. Ce que c'est que le Temple et sa splendeur, le matériel liturgique, les fêtes et les massacres, en tout une avalanche de connaissances vérifiées avec minutie. Le texte des prières et des bénédictions, l'énumération des mitsvoth ou commandements, les rites les plus bizarres justifiés par des raisonnements imparables aussi bien qu'absurdes, des recherches sur la langue hébraïques, l'araméen qui en est une version populaire, le yiddish que l'on essaie de ressusciter, la littérature en toutes langues : ouvrage inépuisable.
        Le texte se présente sur deux colonnes, il ne comporte pas d'illustrations mais des tableaux et des cartes, des généalogies spirituelles de rabbins qui transmettent leur personnalité à tels disciples qui à leur tour, etc. Outre la vastitude des connaissances ici exposées, que pouvons-nous dire sur ce qui seraient des caractéristiques de la judéité ? Un extrême respect dans l'exercice du culte, dans les prières, dans les commandements. Mais aussi une extrême adaptabilité, en fonction des pays, des circonstances (un malade sera dispensé du jeûne le jour de Kippour), et l'affirmation maintes fois répété que l'observation d'un rite est nulle aux yeux de Dieu si le cœur du célébrant n'est pas sincère.
        Des préceptes de justice et de charité communs à toutes les religions. Mais un souci de se préserver à travers les siècles, d'établir la juste balance entre l'assimilation nécessaire à l'entente entre les peuples, sans pour autant abandonner toute trace de juif en soi, ni se raidir dans un communautarisme sectaire. Ces questions agitent les populations juives depuis des siècles et des millénaires, jusqu'en cette année 5775, et la Shoah fut préparée par des siècles de persécutions, ce n'est pas apparu d'un coup, loin de là ; de même, la fondation d'Israël ne fut pas la conséquence de la Shoah, mais déjà envisagée par Herzl dès la fin du XIXe siècle, conséquence il est vrai des pogroms de Russie encouragés par les tsars.
        Mais le retour des exilés en terre d'Israël accompagne toute l'histoire culturelle des juifs depuis la dispersion ou « diaspora ». Cette notion est remise en cause par la conversion des Khazars au Xe siècle, peuple d'origine turque au sud de la Russie dont les descendants formeraient une grande partie des actuels ashkénazes ou juifs européens. Ne nous attendons pas à trouver dans cette encyclopédie des notions dubitatives ou critiques à l'égard du peuple étudié, non plus d'ailleurs qu'une louange excessive : les faits sont exposés avec  autant d'objectivité que possible, et d'aucuns pourront trouver que certaines omissions sont éloquentes. Mais il n'y a ici ni encens, ni huile sur le feu.
        Ni prosélytisme, ce dont les juifs se défient par-dessus tout, ni malédictions, autres que tirées des textes bibliques bien anciens. Oui, la Bible, la Torah contiennent des passages d'une grande violence. Mais la plus grande catastrophe qui soit arrivée au judaïsme, si nous en croyons certains rabbins (car il n'y a pas non plus de chef suprême religieux dans la communauté juive, étant donné la dispersion de leur habitat), c'est la captation d'héritage des chrétiens sur la Torah : saint Paul de Tarse a supprimé la circoncision des sexes en la remplaçant par la circoncision des cœurs, Jésus s'est vu investi du rôle de Messie ou Machiah, et la Torah réinterprétée unilatéralement comme une  vaste préface aux croyances chrétiennes : le Christ  et ses apôtres ont annexé les rouleaux de la Loi, les exégètes chrétiens se sont évertués à relever tout ce qui dans un livre sacré semblait préfigurer les Evangiles, et comme de juste les zizanies se sont muées en affrontements et en persécutions. Nous tenons à rappeler inlassablement que les exactions commises par certains ne se sont jamais élevées aux crimes commis par d'autres, et que jamais par exemple nul ne peut citer le moindre exemple de juif s'étant fait sauter dans un restaurant allemand ou dans un bus berlinois bondé de collégiens.
        Nous affirmons que les têtes de porc odieusement déposées devant les mosquées n'ont cependant aucune commune mesure avec Auschwitz, n'en déplaise aux politiciens ramasseurs de suffrages. Que le repli en Israël n'est pas forcément la solution, car le meilleur moyen de devenir millionnaire à Tel-Aviv, c'est d'y arriver milliardaire, tant l'immigré de fraîche date est une proie tentante pour les arnaqueurs, de quelque religion qu'ils soient. Le judaïsme ne saurait enfin se résumer à une religion, car il existe une bonne quantité de juifs athées, avec toutes les nuances qui peuvent les séparer des stricts observants du rituel. Nous proposons deux définitions, dont nous avons oublié les auteurs : « Etre juif, c'est faire partie par la naissance d'un club d'où malheureusement il est impossible de démissionner ».