Proullaud296

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  • Fantaisie en cul mineur

    COLLIGNON FIER-CLOPORTE
    FANTAISIE EN CUL MINEUR   

        Il n'y a plus de sexe, confisqué, suivi du doigt dans leurs pliures, dans leurs failles, pour pallier les manquements du noeud vigoureux en baisse, tout bref tout mou sans plaisir ni donné ni reçu, repu détumescent salace dégueulasse.
        Les hommes ont les putains et les putains la main.
      La poupée du portail.JPG  C'est ainsi que de ma part sans révolte se tissa la certitude pressentie, repoussée parfois avec rage. Femmes, à présent je comprends vos détours devant nous. Femmes, vous formez une chaîne secrète de désillusions. Vous vous confiez vos frottements négligemment. Je comprends cela. J'admets ce fossé.
        Qu'en est-il de l'amour ?
        Que peut l'honne face aux innervations tranquilles, que puis-je - sexe sans âme, bloqué sous le pli inguinal, sans accès à mon ventre, extérieur, sans recours, à moins de longs apprentissages incessamment remis. Il suffirait de bannir le remords, si faible, par quelle aberration, Dieu ! inspirée des romans, des culpabilités, s'est-il pu faire qu'amour et sexe fussent mêlés - qui aimez-vous, quand vous portez sur vous la main ?
        Il va falloir que j'apprenne en m'aimant que l'autre n'existe pas, me refusera si je ne me conforme étroitement à ses plaies et bosses. Besoin d'un homme tendre réduit à ma tête, à ma langue sans paroles, sans exigence propre de son sexe, sans cette inhibante érection,  - la femme se blotissans lovée serrera contre elle ce trons à faire dégorger sans bruit dans l'ombre et sans plaisir de part ni d'autre à moins qu'on ne ahane en concert suivant les indications précises, efficaces - il existe une page - dans notre enfer à nous, montant, redescendant, nous nous entrecroisons, sur l'échelle unique des plaisirs permis.

    BISTROT

        (...) la porte en bois, l'ouvrit avec la clef ronde de son bureau, la referma derrière lui (tandis que les malfrats irrumpaient dans la salle en tiraillant) - c'était un couloirà baies sans ronces donnant sur (voir plus haut), sans issue sauf les baies, les guerriers l'arme au poing - il était parvenu à susciter sous son crâne surgelé une bonne intervention armée, afin de s'expulser.
        Les autres ne se battaient pas. Tout redevenait calme ; ils n'étaient revenus que pour l'effrayer, ils regretteraient Casimir  à sa sortie. Tout ce qu'il rêvait l'épouvantait : des viols, des viols. Il avait croisé la veille une fillette avec son chien féroce dans un bois, à mi-pente.
        Il parlait seul, s'essoufflait, ses tempes de quadragénaire perlaient, la fillette l'avait entendu. Mais les enfants ne s'étonnent pas d'entendre parler seul, car ils le font assez souvent. Le chien se hérissait. Il fallait tourner au plus vite vers le soleil couchant, rejoindre la ville. Casimir s'arrêta, laissant le couple mi-canin gagner quelques mètres, puis les suivit.
        Mais la fillette s'attarda.
        Le chien pissa, le chien gronda.
        Tous se rejoignirent.
        La sueur et la crispation donnaient à Casimir la mauvaise allure d'un violeur. Il dépassa le chien hérissé : "Ca ne va pas ?" dit la fillette à la bête. Dieu merci le chemin bifurqua, il nota l'heure : 16h 50. A fins d'interrogatoire. IL avait phantasmé tout son anniversaire, cauchemardé sur une jeune fille, assommée par-derrière à coups de boîte à conserve, et qui tentait d'escalader les étagères,, et qui tombait les jambes en croix (disloquée ?) à la renverse.
        Il en avait senti tout le treize octobre une panique amère. 
        Le chien assisterait à la levée du corps ou "mise en bière", il flairerait - si peu développée que fût l'intelligence chez ces êtres frustes et gardiens, la boîte emboîtée entre les murs de terre et contenant Chrystelle serait la preuve du décès, de l'enfermement de la chose-corps sous le tumulus, et notre chien, distraitement pour finir, l'oeil et le muffle portés ailleurs, graverait dans ces yeux que l'on dit sans mémoire et recouverts de taies mordorées le cercueil sans attrait, il gratterait, il hurlerait, il deviendrait le premier chien qui saurait qu'il devrait mourir.

    BIOGRAPHIES    2035 08 27

        Le matin du drame, Walter s'est rendu au supermarché.
        C'est un bâtiment de tôle très plat, on y entre par portes battantes, à musique modérée, les airs ne reviennent qu'à de longs intervalles confortables. Pour le rayon légumes, le chariot passe bruyamment sous des arceaux métalliques, impossibles à rebrousser. Les légumes choisis, la vendeuse les pèse avec son bec-de-lièvre recousu. Elle n'inspire aucun désir. Quand elle place les pommes de terre sur le plateau blanc, il se demande quelles pensées tristes.
        4 F 60 le kilo, 8F 90.
        Par exemple.
        Eviter le poissonnier, l'air mauvais parce que les Français boudent le poisson. Walter se tient bien droit, sans serrer les fesses comme un Blanc, ni porter le ventre comme un Belge. Car les gens sont sans pitié (ils sont pleins de sarcasmes) ; en cas de rencontre, saluer : "Qu'est-ce que tu achètes (de beau, de bon...)"
            Aujourd'hui, Walter a rencontré Otto : un grand roux. Otto n'a jamais de difficulté à se faire rembourser la consigne. Il n'ouvre jamais samaison. Il confond Baudelaire et Voltaire, qui sont homéotéleutes. Il n'a jamais voulu d'enfants. Aussi loin qu'on remonte, on ne trouve dans sa famille que des fils uniques. Walter pense beaucoup de mal d'Otto, sans vouloir le lui confier.
        Walter se croit très intelligent, voire cultivé. Il a besoin d'Otto pour cela. Un jour, Otto lui dit :
        - Ma mère, la grosse D., voudrait te montrer ce qu'elle peut tirer des vieux. C'est une comédie musicale.
        Il ment.
        Le fils de la grosse D. a essuyé tant de claques, dans sa jeunesse, qu'il reste roux, avec un bec-de-lièvre. Il boit l'eau minérale à la bouteille : "Viens à huit heures." Walter pense : "Pour une fois, je tirerai quelque profit de cette souche."
        Il se rend chez le Boeuf Simon, c'est Otto, qui vit avec sa mère : la grosse Donna occupe tout l'espace disponible ; la petite couche du grand fils tient le coin droit sous une couverture orange. Il n'y a rien à manger. Le spectacle se déroule à une cinquantaine de km. La voiture de Walter fera l'affaire. L'éloignement même prouve formellement que ce n'est pas Donna, percluse de graisse, qui a pu mettre en scène un "Spectacle de Vieux".
        Evaux s'est mise en frais : l'Hôtel de Ville s'est garni de guirlandes, les lustres illuminent le vestibule. La salle de spectacles brille par son vide. La grosse Donna disposera d'espace. On ne se parle pas beaucoup. Walter se dit :
        - Otto l'osseux désirerait tant admirer sa mère ! il lui invente des gloires, qu'elle ne dément pas. Il craint de la voir vieillir, il épie déjà sur lui-même à 25 ans les indices d'une décrépitude. La déchéance à venir de sa mère lui servira d'excuse et d'exercice. Si la Donna au moins se souciait des vieillards ! elle se rajeunirait, suivrait un régime. Or Donna déteste les vieux.
        Elle appréhende les horreurs des premières flétrissures, n'estimant pas qu'il serait exorciseur de se frotter à de vieilles peaux, de sentir de vieilles haleines (cet oncle dont la salive marinait dans l'eau d'acier du dentier). Deux motifs de satisfaction curieusement liés s'incurvent dans sa cervelle : qu'il y ait dans la salle tout l'espace requis par sa corpulence, et que les bouffissures de son visage éloignent tout souci de rides.
        Désespéré, le Directeur des Vieux propulse les aînés sur les planches.